… il est accusé d’un attentat à la bombe dans l’enceinte de son établissement scolaire. A partir de cet instant leurs deux univers respectifs vont basculer : Matt/ Grande Gueule va découvrir la mise en quarantaine ; Ursulla/ La Nulle refuse de céder à la rumeur et va lui tendre sa main, au sens propre comme au sens figuré.
Joyce Carols Oates a su trouver les mots-maux justes pour parler de l’adolescence. Les surnoms dont sont affublés ses deux personnages principaux ne leur ont pas été attribués par des camarades peu indulgents. Non, ils se sont eux-mêmes surnommés ainsi, comme un nom de guerre, une armure contre le monde qui les entoure. Comme si certains de leurs actes ou pensées leur échappaient. Ce n’est plus Ursulla qui vit et respire en public, mais La Nulle, tellement plus résistante, plus forte, moins sensible. Mais la rencontre de ces deux êtres va faire tomber les masques.
Ce livre est également une critique assez violente de la société américaine bien pensante. Finalement ce roman est comme la période de la vie qu’il décrit : plein de forces, de doutes et d’espoirs.

Du même auteur : Nous étions les Mulvaney

Laurence

Extrait :

Je voyais bien que mes professeurs ne savaient pas quoi penser de moi. Il y avait Ursula Riggs, qui était une excellente élève, une fille sérieuse s'intéressant à la biologie et à l'art, et il y avait la Nulle, qui jouait au basket comme un Comanche et qui tenait des propos sarcastiques. C'était la Nulle qui était prédisposée aux sautes d'humeurs — lesquelles allaient du Noir d'Encre au Rouge Feu. Il pouvait m'arriver de quitter un cours en bâillant, ou de partir en plein milieu d'une interrogation écrite, d'empoigner mon sac à dos et de sortir. Mes notes se baladaient entre A+ et F. Dans un état d'esprit à peu près raisonnable, je savais que je courais le risque de rater mon test d'aptitude et de ne pas entrer dans une université d'un niveau acceptable à mes yeux mais, l'instant d'après, je haussais les épaules et éclatais de rire. Qui ça intéresse ? Pas la Nulle.
Ursula Riggs était une froussarde, qui avait peur de l'opinion des autres et de l'avenir. La Nulle n'avait rien d'une froussarde et se fichait de l'avenir. La Nulle, femme de guerre.


Éditions Folio – 325 pages.