Une nuit, il réveille tous ses frères : il vient de surprendre une conversation parentale plus qu'effrayante, et convainc les autres garçons de fuir le foyer.
Voici donc les 7 jeunes Doutreleau sur les routes de France, en direction de cet Océan qui les fait tant espérer.

Pour cette histoire, Jean-Claude Mourlevat a choisi une narration à voix multiples : chaque chapitre collecte le témoignage de l'un des frères ou des personnes qu'ils croisent au cours de leur voyage. Parmi eux, j'ai particulièrement été émue par Jean-Michel Heycken l'écrivain, Michèle Moulin la boulangère ou encore Valérie Massamba la jeune étudiante.

Jean-Claude Mourlevat ne se cache pas d'avoir transposé ici le célèbre conte de Grimm, bien au contraire. Mais il a fait mieux qu'une simple modernisation. Le concert des voix brosse peu à peu un portrait émouvant, tout en évitant le pathos. On ne peut que trembler face aux péripéties des 7 frères, et sourire de leurs réactions spontanées et parfois naïves.
Bien sûr, la construction narrative est encore un peu complexe pour que mon fils de 8 ans puisse apprécier pleinement ce récit, mais je sais déjà que j'achèterai ce roman en temps voulu pour qu'il puisse à son tour, découvrir émerveillé, les tribulations du jeune Yann.

Du même auteur : La ballade de Cornebique, La troisième vengeance de Monsieur Poutifard, L'homme qui levait les pierres, La rivière à l'envers et Le combat d'hiver

Extrait :

Il a lâché ma main et s'est glissé dans le petit espace entre sa mère et la porte. Mais avant de disparaître, il a fait une chose étrange et que je n'aurais jamais crue possible. Il ne s'est pas retourné, il a juste fait pivoter sa tête par-dessus son épaule. Cela n'a pas duré plus de trois secondes. Mais cette image s'est fixée dans mon esprit, s'y est inscrite avec plus de précision que n'importe quelle photographie. Depuis, je revois sans cesse ce visage enfin levé vers le mien, ces yeux plantés droit dans les miens. J'ai eu la sensation troublante d'y lire avec autant de netteté que s'il avait parlé. Et pourtant il ne disait rien, ne bougeait pas. J'y ai lu un reproche, d'abord :
- Bravo, vous avez fait du joli travail !
Mais tout de suite après un remerciement :
- Vous avez été gentille avec moi et puis vous ne pouviez pas savoir.
J'essaie de me persuader qu'il n'y a eu que cela, mais je sais bien que c'est faux et que ces yeux disaient autre chose. Criaient autre chose. Et ce qu'il criaient c'était : AU SECOURS !
Je ne l'ai pas compris ou je n'ai pas voulu le comprendre. Je me suis dit qu'on verrait ça plis tard, que cela faisait partie des choses qu'on peut remettre au lendemain. Mais il n'y a pas eu de lendemain.

couverture
Éditions Pocket Jeunesse - 151 pages