Dans ce magasin fort bien achalandé vous trouverez tout ce que vous voulez pour vous suicider : de la corde en chanvre avec le nœud coulant fait maison, des lames de rasoir, des poisons ou cocktails de poisons élaborés par Lucrèce Tuvache, des parpaings pour mieux vous noyer ou vous défenestrer et même le baiser de la mort donné par Marilyne Tuvache, la fille, à qui on a injecté un produit qui rend sa salive mortelle.

Tout va pour le mieux, l’entreprise est prospère et tout le monde est triste et dépressif comme il se doit. Tout le monde sauf le petit dernier, Allan, qui est la joie de vivre personnifiée dans ce monde lugubre et apocalyptique. Ses parents ne savent plus quoi en faire, il a toujours le sourire, aime la musique gaie et les couleurs, ses dessins sont en bariolés et il trouve toujours quelques chose de positif à la vie.

Oser parler du suicide, sujet tabou dans notre société où ce geste est encore considéré comme un péché, était un coup de poker. Mais quelle réussite !
Mélange d’humour noir et de dérision qui fait paraître un achat de poison aussi banal que celui d’un poisson au marché. Un roman dans lequel malgré tout on est gai à chacune des pages grâce au talent de Jean Teulé. Un vrai bonheur que d’aller au magasin des suicides, votre envie de vivre n’en sera que plus forte. Et comme dit Allan : « La vie est belle ».

Du même auteur : Je, François Villon

Par Arsenik_


Les critiques qui suivent ont été mises en ligne le 01 juillet à la suite du "Prix Biblioblog 2008"


Bien que l’idée était fort originale et que le roman se lise facilement, j’avoue ne pas avoir trop embarqué dans cet univers. J’ai eu l’impression que l’exercice de style, qui aurait pu faire une excellente nouvelle, devennait trop lourd à un moment donné. Tous les symboles réutilisés pour illustrer le thème finissent par paraître plastiques. Il me semblait imaginer Jean Teulé devant sa table à dresser la liste de toutes les manières de se suicider pour ne pas en louper une dans l’enfilade des situations cocasses. Jean Teulé reste un auteur qui m’intrigue et je m’essaierai avec un autre livre.

Catherine

Mon coup de cœur (dépend essentiellement du reste de la sélection, d'ailleurs).
L'histoire d'une famille vendant des services d'aide à la mort, dans ce qui semble être un futur proche. Malheureusement, le petit dernier est gai comme un pinson.
J'ai immédiatement fait le rapprochement avec la Famille Adams et le film où ils ont un joyeux et mignon bébé qui passe son temps à sourire.
J'ai beaucoup rit à cette lecture et pris plaisir à imaginer le quotidien de ces gens que nous qualifierions de dérangés et dangereux psychopathes. Je me suis amusé des inventions mortelles de l'aîné, du désespoir suicidaire de la cadette, des bouleversements de la mère et du père et de la mutation de tout ce petit monde.
Jusqu'à la fin, j'ai été sous le charme. Et même si l'issue ne faisait pour moi aucun doute, je n'avais pas pensé à cette fin là et ç'à été pour moi encore une marque du génie de l'auteur dont j'avais déjà pu apprécier la biographie de François Villon.

Cœurdechene

Cet ouvrage a été lu parce que faisant partie de la sélection du Prix, mais de prime abord, il n'était pas venu une envie de le lire. Et puis finalement, cela a été une lecture sympathique. J'ai trouvé l'idée de fond bien trouvée, bien menée avec ses petites pointes d'humour. Dans l'ensemble, ce roman se lit bien, se lit vite même s'il s'essouffle un peu à mon goût vers la fin.
Lecture amusante qui a au moins l'avantage de libérer l'esprit pour lire des choses plus consistantes.

Dédale

Etrange thème pour un livre !!
Un magasin tenu par la famille Tuvache où l’on trouve tout le nécessaire pour se suicider : de la corde en chanvre aux potions pardon aux poisons.
C’est désopilant à souhait, caustique, caricatural, effrayant…
Mais quelle drôle d’idée tout de même ?
Si le sujet est délicat et ô combien difficile, j’ai souri voire ri devant l’incongruité des situations  jusqu’au final (que j’ai trouvé prévisible).

Vous avez raté votre vie ?
Avec nous, vous réussirez votre mort !....

Google

J'étais à bord d'un train mystérieusement arrêté lorsque je commençai à lire ce roman. Quelques minutes plus tard, le contrôleur annonça que le retard était dû à une tentative de suicide...
Les premiers chapitres de ce roman m'ont souvent fait sourire par l'humour, les jeux de mots, l'extravagance des « remèdes » proposés aux clients du magasin, les allusions à des suicidés célèbres ; j'étais content d'avoir deviné en l'honneur de qui le prénom d'A. avait été choisi. Le décalage entre notre société et cette ville du futur où dépression et suicide sont considérés comme normaux est frappant.
Dans l'ensemble, le style du roman est très rythmé et les dialogues contiennent des répliques pleines d'esprit. Cependant, le style se fait parfois plus heurté, et au milieu de pages se laissant lire sans effort, on se retrouve face à un obstacle, une syntaxe tordue, comme dans : « Et souvent, le soir, la petite fille attendait sagement, tellement sagement, que sa mère vienne et le tour de balançoire. ».
Une lecture réjouissante, quoique le pendant aux pendus et autres suicidés soit un tout petit peu trop rose bonbon.

Joël

Depuis le temps que j'entendais parler de Jean Teulé, j'étais plus que curieuse de découvrir son univers. Il est vrai que « Je, François Villon » était le titre vers lequel je serai allée naturellement; mais puisque le Prix Biblioblog m'en proposait un autre, je n'allais pas faire la fine bouche.
Malheureusement, malgré toutes mes bonnes intentions, ce roman n'a pas réussi à me séduire.
Certes, l'idée de départ est originale et délicieusement provocatrice et les premières pages m'ont tiré quelques sourires. Mais l'ensemble reste très superficiel tant sur la forme que sur le fond.
L'écriture, rapide, directe, manque d'ampleur; j'ai même parfois eu l'impression de lire un scénario plus qu'un roman. Jean Teulé ne prend le temps de rien : ni d'installer les divers épisodes qui s'enchaînent comme des mini sketches, ni d'approfondir les personnages qui restent pour le moins caricaturaux. Il y avait matière à écrire un très bon livre sur le suicide, un roman saignant et mordant; une petite perle d'humour noir dérangeante et hilarante. Mais le magasin des suicides restera pour moi une excellente idée insuffisamment exploitée.

Laurence

Un roman comique sur un sujet plutôt sombre, le suicide. C’est le pari réussi par Jean Teulé dans ce roman, qui mêle difficultés relationnelles dans la famille et les meilleures manières de se suicider : à la japonaise, la meilleure corde à utiliser,… On rit jaune pendant la première partie, avec toutes les références possibles et imaginables au suicide.
Puis le coté comique s’émousse petit à petit, et c’est dommage. On suit ensuite les aventures de la famille, avec Alan, l’enfant joyeux qui ne pense pas à la mort, au grand dam de ses parents.
Un court roman intéressant, mais dont on devine rapidement comment il va se terminer. J’ai néanmoins passé un bon petit moment.

Yohan

Extrait :

Ces parpaings servent aussi pour la défenestration.
Le client s'étonne. Devant lui, Mishima étire une commissure de ses lèvres qui accentue l'arrondi d'une pommette sous des yeux ronds comme des billes aux sourcils qu'il relève :
-Oui, oui, oui, les parpaings vous rendent plus lourd. (.. .) Avec le parpaing magasin des suicides fixé à la cheville, vous tombez droit.
- Ah !
- Moi, souvent le soir, soulevant le rideau de notre chambre, je les regarde tomber des tours de la cité. Le parpaing à une cheville, on dirait des étoiles filantes. Lorsqu'ils sont nombreux, les nuits de défaite sportive par l'équipe locale, on croirait du sable qui coule des tours. C'est joli.


Éditions Julliard - 162 pages