Dans les rues d’une capitale latino-américaine, Eduardo Sosa, un jeune homme désœuvré, décide de suivre l’intrigant vagabond Jacinto Bustillo qui vit dans une vieille Chevrolet jaune. Je ne vous en dis pas plus pour vous laisser intacte la surprise. Sachez seulement qu'Eduardo va faire la connaissance de Loli, Beti, Valentina et Carmela, de somptueuses créatures. Elles vont l’adopter et même plus puisque affinités.

Cette histoire, écrite dans un style plaisant, endiablé, surréaliste, est totalement farfelue, bien teintée de fantastique et pleine d'humour. Elle se laisse lire sans soucis. Il faut juste passer outre sa répulsion pour les ophibiens. Enfin, l'auteur vous aide un peu parce qu'elles ont l'air bien sympathiques avec Eduardo, les Filles !

Du même auteur : L'homme en arme

Dédale

Extrait :

Aucun des locataires ne put dire à quel moment précis la Chevrolet jaune avait stationné devant l'immeuble. Trop de voitures passaient la nuit dans la rue ; deux rangées serrées le long des quatre blocs du lotissement. Mais les raisons pour lesquelles la Chevrolet jaune attirait l'attention ne manquaient pas : il s'agissait d'un tacot qui datait d'au moins trente ans, à la carrosserie écaillée et aux vitres obturées par des morceaux de carton – elle avait l'air, donc, d'une vieille propriété sentimentale de l'un des voisins qui refusait de l'emmener à la casse.
Les premières personnes à se rendre compte qu'il se passait quelque chose de bizarre avec cette antiquité furent les maîtresses de maison et les domestiques qui, vers le milieu de la matinée, sortaient pour faire des courses à l'épicerie ou, tout simplement, pour s'adonner au commérage. Un homme aux cheveux gris, barbu et loqueteux, émergeait de la Chevrolet à ces heures-là avec la tête de quelqu'un qui vient de se réveiller, la tête de quelqu'un qui a passé la nuit à dormir dans ce tas de ferraille.
La Nina Beatriz, l'épicière, se chargea de garder un oeil sur cette étrange présence, de tenir au courant les voisins des faits et gestes de l'individu : c'est par elle que nous sûmes que celui-ci avait pour seule habitude de sortir de la voiture à dix heures du matin, ensuite il se perdait qui sait dans quels méandres de la ville ; il revenait entre huit et dix heures du soir, portant un sac de toile bourré de vieux machins hors d'usage, et il s'enfermait dans la voiture jusqu'au lendemain.

couverture
Éditions Les allusifs – 161 pages
Traduit de l'espagnol (Salvador) par Robert Amutio