Le narrateur, tueur à gages de son état exécute des contrats pour un chèque à six zéros, net d'impôts sans s'interroger sur les raisons de son commanditaire. Le hic est qu'il est tombé amoureux d'une jeunette, une étudiante française, croisée à Saint-Michel. Depuis rien ne va plus quand cette dernière lui apprend qu'elle le quitte. Sous le choc, il en oublie tous les principes de sécurité que doit respecter tout bon professionnel qui se respecte. Va s'en suivre une suite d'aventures rocambolesques, d'ordres et de contre-ordres de son contact, des aéroports, des taxis bavards, des agents secrets et même une cible qui lui sauve la mise. Bref, rien ne va plus !!

C'est court, à peine une centaine de pages mais cynique et plaisant à souhait. Tout le plaisir de cette histoire est un concentré d'humour finement, intelligemment mené. C'est enlevé comme un bon James Bond de la grande époque. On sent vraiment que l'auteur s'est bien amusé à écrire ces mésaventures. Il a mis de côté son style si poétique et riche pour une plume plus concise, sèche comme un tir de silencieux. C'est simple mais efficace. On en viendrait à plaindre le malheureux tueur !

Mais rassurez vous. Tout se finit bien. Chassez le naturel, il revient au galop.. même chez les tueurs à gages.

Voir aussi le billet de Yohan

Du même auteur : Le vieux qui lisait des romans d'amour, Le monde du bout du monde, La Lampe d'Aladino et autres histoires pour vaincre l'oubli, Histoires d'ici et d'ailleurs, Dernières nouvelles du Sud, Les roses d'Atacama

Dédale

Extrait :

La journée avait mal commencé, ce n'est pas que je sois superstitieux mais je crois qu'il y a des jours comme ça où il vaut mieux ne pas accepter de contrat, même contre un chèque à six zéros, net d'impôts. La journée avait mal commencé et tard, j'avais atterri à Madrid à 6h30, il faisait très chaud et sur le chemin de l'hôtel Palace le taxi s'était obstiné à me faire une conférence sur la Coupe d'Europe de football. J'avais eu envie de lui poser le canon d'un 45 sur la nuque pour qu'il ferme sa gueule, mais je n'avais pas ça sur moi et un professionnel ne fait pas d'histoires avec un crétin, même un taxi.

A la réception de l'hôtel on m'a donné les clefs et une enveloppe que j'ai ouverte dans l'ascenseur. Elle contenait la photo d'un type qui ne m'a pas plu : jeune, dans les 35 ans, mince, pas mal, assis à une tribune avec cinq autres types qui lui ressemblaient. Il y avait sur la table une pancarte qui disait « Troisième rencontre des Organisations non gouvernementales ». Je n'ai jamais aimé les philanthropes et ce type puait la philanthropie moderne. Une éthique professionnelle minima interdit de demander ce qu'on fait les types que l'on doit liquider, mais en regardant la photo j'ai ressenti de la curiosité et ça m'a été désagréable.


Éditions Métailié - 82 pages