Et cette histoire commence sur l'Îlot Nat, près de l'île mythique d'Abracadagascar, dans la pension pour orphelins que tient la mère Pélagie.
C'est là qu'Epiphane, 'Piphan pour les intimes, grandit depuis qu'il a été abandonné par ses parents. Mais à quinze ans, les événements qui jusque là faisaient son quotidien sont bouleversés, provoquant son départ de la pension, la grande aventure vers Albaran, l'île voisine et la découverte d'un potentiel qu'il ne soupçonnait pas... Il est un magicien !
Son avenir est donc tout tracé. Il doit aller sur Abracadagascar pour y recevoir un enseignement sur l'utilisation de ses pouvoirs.
Mais voilà, le problème c'est que la guerre couve. Et le monde que 'Piphan a connu est en train de muter pour un avenir encore incertain. Aussi incertain que l'est son propre avenir.

Voici un roman que j'ai eu énormément de plaisir à lire.
L'auteur, Ménéas Marphil, qui a passé beaucoup de temps à Madagascar et dans ses environs nous transporte à la découverte de cette nature luxuriante et d'un autre mode de vie, emprunt de traditions et d'un regard sur le monde qu'en occident nous avons « oublié »...

C'est un roman rempli d'humour et de douceur, mettant en avant des notions telles que l'amitié et la solidarité, le secret mais aussi la confiance. Bon, un brin de rebellion, bien sûr, mais sinon ce ne serait pas marrant...

J'ai pourtant traîné une déception tout au long des pages : celle de voir par moment se superposer aux ambiances colorées des îles tropicales celle d'une Angleterre pluvieuse ; aux épices et senteurs orientales décrites dans le souk caché par un tapis magique, celles plus fades d'une certaine rue cachée derrière un mur ; à la visite de 'Piphan à la banque d'Albaran, celle d'un autre sorcier, balafré, à la banque des Gobelins...
Eh oui, malheureusement, beaucoup de passages font écho aux aventures du sorcier à lunette de Rowling et pour tout dire ça a légèrement gâché mon plaisir. Il faudrait pouvoir demander à l'auteur ses intentions derrière tout ça. Malgré tout, le héros n'agit pas comme Harry et est bien plus intéressant (à mon sens). Son caractère est plus trempés et surtout l'auteur a su éviter ce que je reproche à l'autre, notamment dans les valeurs mises en places dans le récit.
Et puis comment, avec le titre de la série La Fabuleuse Histoire des lunes de Pandor ne pas faire le rapprochement avec un autre grand classique de la Fantasy : Les Trois Lunes de Tanjor du couple d'auteur Ange... Décidément, l'originalité n'est pas son point fort...

Pourtant, du plaisir, j'en ai eu.
Comme je le disais plus haut, l'humour est très présent, le dépaysement, total, et quelques petits clins d'oeil au passage à des classiques (vous noterez Avalon, avec une explication cohérente et non dénuée d'intérêt). J'ai particulièrement savouré, dans le préambule, le fait que les enfants se tournent vers « le sage Ménéas », autrement dit, l'auteur lui-même qui s'est (confortablement) installé dans son livre. Je précise tout de suite d'ailleurs que la référence s'arrête ici. Le narrateur, une fois l'histoire lancée, n'intervient plus jusqu'à la fin du roman.

Ne me reste plus maintenant qu'à ronger mon frein sur d'autres lectures en attendant la suite prévue pour début 2009 de ce qui pourrait bien s'annoncer comme une quadrilogie.

Du même auteur : Les secrets de Gaïa (Tome 3)

Par Cœur de chene

Extrait :

Pas besoin d'être expert en divination pour se rendre compte que Mori-Ghenos s'amusait comme un lutin fou au volant du tacot. Il donnait des petits coups de klaxon pas franchement utiles, jouait avec l'unique essuie-glace, ajustait le rétroviseur et manipulait sans cesse le levier de vitesse tout tordu qui sortait du volant. Sur le siège avant, Piphan' pouffait en silence en observant ce magicien dont la joyeuse humeur était si communicative. [...]

Reuh ! Reuh ! Entre les canards, les oies, les zébus, les nids-de-poule et la traversée des villages, Mori-Ghenos donnait des coups d'avertisseur enroué à qui mieux mieux. Il s'amusait toujours autant et aurait bien continué de la sorte si son chronospace à gousset ne s'était mis à vibrer dans sa poche.
Holà ! Déjà 5 heures ! Il va falloir mettre le turbo si nous ne voulons pas rater l'embarquement. Accrochez-vous les jeunes, ça va décoiffer.
Aucun d'eux ne voyait comment ce vieux tacot pourrait allez plus vite que ne le permettait sa mécanique usée jusqu'au dernier boulon, mais si maître Mori-Ghenos disait de s'accrocher...
Il serra le volant entre ses mains et lança la formule « Fulgur ! ». A ce mot, le taxi-brousse eut une accélération qui les plaqua tous contre leurs sièges. Par les vitres, ils découvrirent que les roues s'étaient transformées en tourbillons ocre qui enveloppaient la voiture et la soulevaient dans les airs. Ils ne roulaient plus mais volaient à quelques mètres au-dessus d'un village où des gens affolés mettaient tout à l'abri, sans doute en criant « Les tornades ! Les tornades ! »


Éditions Au Diable Vauvert, 438 pages