Il n’y a rien a dire sur l’écriture, si ce n’est qu’elle est fluide. Mais l’important n’est pas là. L’essentiel se situe dans l’intrigue, qui est ici très bien ficelée. Harlan Coben prend plaisir à emmener ses lecteurs vers de fausses pistes, et on se laisse avoir comme des débutants. Grande lectrice de polars, je n’ai pas réussi à démêler le vrai du faux tant que l’auteur ne l’avait pas décidé. C’est aujourd’hui suffisamment rare pour le souligner.
Que cache la disparition de cette enfant ? Vengeance ? Kidnapping ? La sœur de Marc est-elle impliquée ? Est-ce un coup monté de Marc lui-même comme le soupçonne la police ? Ou y a-t-il encore des pistes inexplorées ? A vous de le découvrir.
Du point de vue des personnages, l’auteur a bien su retranscrire le cauchemar d’un père ne sachant pas si sa fille est encore en vie. Les personnages secondaires ne sont pas de simples alibis pour faire avancer l’intrigue. Harlan Coben leur a donné assez de matières pour les rendre intéressants et vivants. Un bon polar.

Laurence

Extrait :

La rage et la peur bataillaient contre l'engourdissement dans lequel mon cerveau était plongé.
— Dites-moi ce qui est arrivé à ma femme.
— Elle est morte, a répondu Regan.
Tel quel. Morte. Ma femme. Monica. C'était comme si je ne l'avais pas entendu. Ce mot ne m'atteignait pas. — Quand la police a débarqué chez vous, vous aviez essuyé des coups de feu, l'un et l'autre. Ils ont réussi à vous sauver. Mais pour votre femme, il était trop tard. Je suis désolé.
Nouveau flash : Monica à Martha's Vineyard, en bikini sur la plage, ses cheveux noirs lui fouettant les pommettes, le sourire qui pétille. J'ai cligné des yeux.
— Et Tara ?
— Votre fille... a commencé Regan après s'être briè¬vement raclé la gorge. Il a regardé son calepin, mais pas pour y noter quoi que ce soit.
— Elle était bien à la maison, ce matin-là ? Je veux dire, au moment du drame ?
— Oui, naturellement. Où est-elle ?
Regan a refermé le calein d'un coup sec.
— Elle n'était pas sur les lieux quand nous sommes arrivés.
L'air a brusquement déserté mes poumons.
— Je ne comprends pas.
— On avait espéré, au début, que vous l'aviez confiée à un parent ou à des amis. À une baby-sitter. Mais…
— Vous êtes en train de me dire que vous ne savez pas où est Tara ?
Pas d'hésitation, cette fois-ci.
—C'est exact.
Une main géante oppressait ma poitrine. Fermant les yeux, je me suis laissé aller en arrière. — Ça fait combien de temps ? ai-je demandé.
— Qu'elle a disparu ?
—Oui.
Le Dr Heller s'est mise à parler précipitamment.
— Il faut que vous compreniez. Vous étiez grièvement blessé. Nous n'étions pas très optimistes quant à vos chances de survie. Vous étiez sous assistance respiratoire. Vous avez fait un collapsus pulmonaire. Et vous avez développé une septicémie. Vous êtes médecin — je n'ai donc pas besoin de vous expliquer la gravité de votre état. On a essayé de ralentir la médication pour que vous puissiez vous réveiller plus vite...
— Combien de temps ? ai-je répété.
Ils se sont regardés, puis elle a dit quelque chose qui m'a à nouveau coupé le souffle.
—Vous êtes resté inconscient pendant douze jours”


Editions Pocket Thriller – 470 pages.