Que l'on ne se trompe pas : ce livre ne raconte pas seulement l'histoire d'une rencontre amoureuse, mais avant tout la force de l'amitié dans tout ce qu'elle peut avoir de contradictoire, à la fois indulgente et intransigeante.
Ce roman est très agréable à lire; on se laisse aller avec plaisir et cela est sans doute dû à la tendresse que l'auteure porte à ses personnages. Elle les aime et cela transpire à chaque page. Anna Gavalda nous susurre très simplement une histoire exemplaire en n'omettant pas les détails qui la rende si proche de notre réalité.

Les espaces entre les paragraphes, comme des respirations dans la narration, sont des silences qui nous apprennent tout ce qui ne peut être écrit. Longtemps après avoir refermé le livre, comme une persistance rétinienne, le quatuor nous accompagne dans notre quotidien. Chacun des personnages s'est fait une petite place, là, quelque part près du coeur.
Une dernière chose peut-être, ce roman sort en édition de poche ce mois-ci, mais en changeant de format, il a perdu son arc-en-ciel de pastel. Dommage.

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Du même auteur :
L'échappée belle
Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part
Je l'aimais
La consolante

Extrait :

Non, Paulette Lestafier n'était pas folle du tout. Elle savait que ses bleus énormes qui ne partaient jamais allaient lui causer bien des ennuis un jour...
Elle savait comment finissent les vieilles femmes inutiles comme elle. Celles qui laissent venir le chiendent dans leur potager et se tiennent aux meubles pour ne pas tomber. Les vieilles qui n'arrivent pas à passer un fil dans le chas d'une aiguille et ne se souviennent même plus de comment on monte le son du poste. Celles qui essayent tous les boutons de la télécommande et finissent par débrancher l'appareil en pleurant de rage.
Des larmes minuscules et amères.
La tête dans les mains devant une télé morte.

Alors quoi? Plus rien? Plus jamais de bruit dans cette maison? Plus de voix? Jamais? Sous prétexte qu'on a oublié la couleur du bouton? Il t'avait mis des gommettes pourtant, le petit... Il te les avait collées les gommettes! Une pour les chaînes, une pour le son et une pour éteindre ! Allons, Paulette! Cesse de pleurer comme ça et regarde donc les gommettes !

Arrêtez de me crier dessus vous autres... Elles sont parties depuis longtemps, les gommettes... Elles se sont décollées presque tout de suite... Ça fait des mois que je cherche le bouton, que j'entends plus rien, que je vois juste les images avec un tout petit murmure...
Criez donc pas comme ça, vous allez me rendre sourde encore en plus...

ensemble c'est tout
Éditions Le Dilettante - 604 pages

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