En effet, le passage choisi en extrait pour achalander le passant, n'a qu'une valeur anecdotique dans le récit. Pendant les première pages, la librairie et son propriétaire semblent n'être qu'un prétexte pour raconter la vie de personnes qui se croisent dans le magasin. Mais très vite, on comprend qu'autre chose se cache dans ces lignes et que l'on tient en main un objet hybride. Comme un miroir face à lui-même, le récit se fait double puis triple, puisque il nous raconte l'écriture puis la réécriture d'un roman dans le roman. De cette mise en abîme, Pierre-Robert Leclercq nous propose une réflexion sur le métier d'écrivain.

Paradoxalement, les romans dans le roman ne m'ont que peu convaincue. Malgré les nombreuses contrées explorées, de la Russie à l'Amérique du Sud, je n'ai pas réussi à être captivée. Les récits se perdent en longueur et divagations.
Par contre, j'ai aimé les parenthèses pendant lesquelles l'enquête sur ces romans progresse.

Je pense donc que l'auteur aurait gagné à écourter le récit dans le récit pour laisser ainsi plus d'espace à l'histoire à proprement parler, qui n'a en l'état qu'une place insignifiante.
Une idée intéressante, donc, mais l'auteur n'a, à mon sens, pas réussi à trouver l'équilibre qui en aurait fait un bon roman.

Laurence

Extrait:

“Solitaire au fond de sa librairie, il en aime la pénombre, la grisaille de la vitre où se lit à peine Achat et Vente, la vétusté des ouvrages entassés, les vieilles reliures, l'odeur des pages jaunies, les titres invraisemblables, les dates en chiffres romains. Il décourages les héritiers qui lui proposent des bouquins récents, les critiques littéraires qui arrondissent les fins de mois avec les services de presse, et il lui arrive de renoncer à la vente d'un livre dont il aime les pages de texture fragile, la calligraphie ancienne, la reliure qui est une peau de quatre siècle d'âge, souple, vivante.”

le libraire de la rue pouliveau
Éditions Les Belles Lettres - 217 pages