L'univers de cet auteur oscille entre loufoquerie, absurdité des situations, introspection et surréalisme. Le propos n'est ici jamais gratuit, les personnages sont étonnamment consistants malgré la concision des récits. Ça laisse l'envie d'en parler comme lorsque on a vu un bon film ou une excellente pièce de théàtre. Personnellement, je n'ai pu m'empêcher de lire certains récits à voix haute pour en discuter tout de suite. Étrange. Cela ne m'arrive pas si souvent que cela !
Ainsi un personnage vit le matin avec une belle femme et retrouve celle-ci transformée en un bonhomme grassouillet et fêtard; ou encore cet ami qui a une théorie selon laquelle l'ennui est le moteur de presque tous les événements dans le monde; un peu plus loin, une petite fille riche qui ne rêve que de brillant et dont les yeux sont ternes de ne pouvoir désirer des choses qu'elle ne peut avoir ou enfin cet ordinateur acheté d'occasion qui bégaye.

Par Obni


Rien à faire. J'étais pourtant partie pleine de bons sentiments, mais les nouvelles de ce recueil m'ont laissée de marbre. J'ai eu la sensation pénible d'écouter un enregistrement monocorde. Une lecture en mode automatique qui m'a empêchée de me lier aux destins ou personnages de ces nouvelles.
Soit que les intrigues soient à peine ébauchées, soit que les protagonistes manquent de cohérence dans leurs actes, ces embryons de récits ne me paraissent pas suffisants pour tenir en haleine le lecteur....
Et maintenant que je relis l'avis d'Obni, je reste subjuguée par la puissance que revête la littérature : un seul texte, et des réactions diamétralement opposées. C'est aussi ça qui me charme dans les livres : cette capacité de résonner en nous si différemment.

Par Laurence


Extraits :

Voici comment débute "Pensée en forme d'histoire"

C'est l'histoire de gens qui habitaient autrefois sur la lune. Aujourd'hui il ne reste plus personne mais il n'y a pas longtemps c'était un superbe endroit. Les gens de la lune se croyaient très spéciaux parce qu'ils pouvaient avoir des pensées de la forme qu'ils désiraient. Des pensées en forme de casserole, de table, ou même de pantalon à pattes d'éléphant.

Voilà comment finit "Chriki"

Imaginez Chriki étendu dans sa chaise longue, au bord de la piscine, en train de manger sa tarte aux fraises nappée de chantilly, tout en buvant son jus de fruits fraîchement pressé, tandis que sa compagne aux mensurations de mannequin se fait bronzer toute nue sur un matelas pneumatique. Et maintenant, essayez de vous imaginer à la place de Chriki, en train de siroter le jus de fruits frais et de lancer une banalité en anglais à la Française nue. Pas de problème, non ? Maintenant essayez d'imaginer Chriki à votre place, exactement à l'endroit où vous êtes en ce moment, en train de lire cette histoire, de penser à vous dans la villa, de s'imaginer au bord de la piscine à votre place, et hop ! vous voilà à nouveau en train de lire une histoire, et lui de nouveau là-bas. Banal-banal, ou, comme sa petite amie française aime le dire, tranquille-tranquille, en train de manger une olive sans même avoir à cracher le noyau, parce qu'il y en a pas.

un homme sans tête
Éditions Acte Sud - 208 pages - titre original :Anihu