Jusqu'au jour où il découvre le corps de son père sauvagement assassiné, et posée à côté du cadavre, une carte à jouer. Sur le recto de la carte il y a un valet de pique, sur le verso un message énigmatique. Commence alors un jeu de piste qui durera près d'un an.

Paul Colize, auteur belge, signe ici son quatrième roman. Vous n'en avez jamais entendu parler ? C'est peut-être parce que ses romans sont publiés en auto-édition, mais sûrement pas parce qu'il manque de talent !
L'écriture est fluide, enlevée, drôle.... L'intrigue quant à elle est finement menée. On est captivé de la première à la dernière page par les péripéties qui s'enchaînent. Et quand 130 pages avant la fin, on croit comprendre où l'auteur veut nous emmener, on réalise au bout du compte qu'on s'était trompé.

Mais plus que l'histoire, ce qui m'a séduite surtout, c'est la façon dont Paul Colize a construit son personnage. Ici, point de super héros, d'homme que rien n'effraie et qui surmonte tous les dangers avec une facilité déconcertante. Antoine Lagarde est surtout un homme comme les autres. Sous sa carapace, se cache un être fait de doutes, de fêlures et de failles. Et l'on comprend vite que s'il accumule les conquêtes c'est qu'il a de l'amour à ne plus savoir qu'en faire mais qu'il n'a pas appris comment le donner. Et cet homme attachant au possible, va évoluer au cours son enquête. Cet enfant perdu va rencontrer celle qui saura jouer le miroir. Et moi, les personnages qui sont plus humains que super héros, ça résonne. Ça me semble plus réaliste et du coup je me suis laissé prendre la main et je l'ai suivi, cet Antoine Lagarde. Parfois souriante, parfois inquiète, mais toujours impliquée, je n'ai pu que constater que l'empathie fonctionne à merveille.
Un très bon roman à découvrir au plus vite !

Laurence

Du même auteur : Back-Up, Les sanglots longs, Clairs Obscurs, Le seizième passager, Sun Tower, La troisième vague, Le baiser de l'ombre

Extrait :

J'éprouve un flottement à la hauteur de mon estomac.
Je repense aux confidences de Stéphanie, cette chose dont mon père parlait, ce "tout ça" qu'il regrettait, ce "tout ça" qui le faisait pleurer.
Lui, un Lagarde !
Cette merde qui le suivrait au-delà de sa tombe, jusqu'en enfer.
Ce putain de valet de pique maculé de sang !
L'absence d'indice.
La rue Tronchet.
Le sentiment d'être suivi.
La mare de sang.
Cette saloperie de marre de sang!
Pour la seconde fois en quelques jours, je sens un malaise me parcourir. L'impression malsaine que je participe à un jeu de piste dont l'origine et la finalité m'échappent? La sensation d'être un pion que l'on déplace dans une partie d'échec dont les joueurs sont embusqués et anticipent mes réactions.
J'appelle Chloé.
- Chloé, annule les rendez-vous de vendredi et réserve-moi une place dans le train pour Strasbourg, en première classe, départ demain, dans l'après-midi, après ma visite chez Parachem.
Pour couronner mon agacement, j'ai le sentiment que je viens de faire exactement ce que "on" attend de moi.
Comme le dernier des cons.

Le Valet de cœur
Valet de Cœur de Paul Colize - Éditions Krakoen - 343 pages.