Le bar des habitudes est en fait le titre de la première nouvelle de ce livre : Balmont entre comme tous les matins dans le troquet de son quartier. Mais ce matin-là, rien ne se passera comme à l'habitude.
Mauvais rêve : Malone se surprend un matin à avoir envie de tuer sa femme. Cette envie est si intense qu'il a peur pour elle.
Ma tournée : Nadège est serveuse. Un jour elle voit l'homme de sa vie entrer dans le bar.
La tourte : alors que toute la famille est attablée pour déguster la tourte, un SDF entre dans la salle à manger.
Date limite de consommation : quand une jeune fille de 19 ans décide de se tatouer sur le ventre "date limite de consommation" avec la date d'anniversaire de ses 50 ans.
Histoire molle : à quoi ressemble la vie d'un couple de mous?
Le souvenir de Fred : En allant chercher son pain comme tous les jours, Tony croise son ami Fred. Mais celui-ci a changé, sa peau est devenue noire comme de l'ébène.
Un parcours sans fautes : c'est l'histoire de Mme Belvaux, dont le mari, professeur de français, la reprend sans cesse sur son élocution.
Lili : Lili n'aime pas son nom. Elle fera tout pour en changer.
Un mauvais joueur : Protone aime bien aller dans les bars et lancer des paris sur son poids. Qui devinera, à cinquante kilos près, combien il pèse?
Tueur en série : et si c'était une vocation, comme plombier ou dentiste? Si on ressentait le même amour du travail bien fait?
Le sixième commandement : quelle peut-être l'issue pour un époux terriblement jaloux?
Dans le train : un homme prend le train pour retrouver sa région natale. Mais le train roule et ne s'arrête jamais.
Testament d'un homme trop aimé : tout est dit dans le titre.
Un voisin redoutable : Pedro est au désespoir, de nouveaux voisins viennent de s'installer à côté de chez lui, et ils sont aussi stupides que fachos.
Ta tête d'assassin : Jeff aime bien faire sa tête d'assassin pendant les repas de famille. Cela amuse ses neveux et nièces. Mais jamais il n'aurait imaginer jusqu'où cela pourrait l'emmener.
Ce sont des récits très différents les uns des autres: tendres, cruels, drôles, réalistes, surnaturels... Pourtant toutes ces histoires ont en commun le grain de sable qui vient enrayer la machine. Comment réagit-on quand l'inatendu frappe à notre porte? L'écriture de Franz Bartlet est très simple, épurée, au service de ses personnages et histoires. Ma lecture s'est faite en apesanteur, hors du temps, avec un sentiment d'irréalité et de bien être. Je vous laisse en extrait les premières lignes du récit qui ouvre ce recueil.
Du même auteur : Parures, Le jardin du bossu, La belle maison, Je ne sais pas parler
Laurence
Extrait :
C'était troublant. Depuis quinze ans, le café des Marronniers n'avait jamais de nouveaux clients. L'établissement fonctionnait avec trois douzaines de buveurs dont les présences s'échelonnaient de l'ouverture à la fermeture, avec une pointe en fin d'après-midi. Balmont était le client du matin. Au comptoir. À l'angle, derrière la vitrine, un espace d'un demi-mètre carré, où il déployait le journal. C'était sa place, quand il descendait du bus. Il buvait un café crème avec deux sucres. Depuis quinze ans, cinq jours sur sept, avant de rejoindre la quincaillerie où il faisait carrière, il buvait son café crème avec deux sucres en lisant le journal, dans l'angle, derrière la vitrine, tournant le dos à la rue. Tous les jours la même chose.
Ce matin, à sa place, il y avait un type qu'il n'avait jamais vu. Il pensa à une erreur du hasard. Les choses de l'univers sont organisées, mais de loin en loin un cheveu peut les dérégler pendant quelques minutes. Les horoscopes en savent plus long que nous dans ce domaine. Il se résigna à boire son café, dos à la salle, vide à cette heure.
Éditions Gallimard - 256 pages
Commentaires
lundi 9 janvier 2006 à 20h29
Non, pas de bar dans mes habitudes. Du tout, du tout !
Mais je veux bien ce "bar des habitudes" là, pour le lire dans un parc ou jardin, près d'une fontaine à regarder courir, rire les enfants.
mardi 10 janvier 2006 à 10h29
« Te r’prend une Pière, gamin ? » me demande Louise avec sa voix tonitruante de Diva des comptoirs à l’accent Alsacien.
« Non merci Louise, pas tout de suite » …
J’avale une petite gorgée de mon demi, ça fait un moment que ma bière est déjà plate mais, avec mes quelques francs en poche, il faut qu’elle dure le plus longtemps possible si je veux aller au bout du voyage.
La plantureuse Louise a fini son service, Blanche vient d’arriver pour la replacer et faire le service de nuit.
Elle enfile sa blouse à carreaux sous le regard bienveillant de Christian le patron qui essuie les verres et lisse sa moustache derrière le bar.
Blanche est un tout petit bout de bonne femme aux cheveux gris-blancs, elle est aussi menue que sa compère est imposante.
Certains disent qu’avant, c’était une Dame, quelle travaillait rue de la Clef et que c’est comme ça que Christian le connu … moi, j’ai des doutes, même avec 30 ans de moins je n’arrive pas à imaginer la petite souris grise dans ce rôle-là.
A coté de moi, avachi sur le comptoir un vieux Monsieur tout sec sirote son mauvais calva, c’est bien le 6ème qu’il avale depuis que je suis là et maintenant il ne tremble plus beaucoup.
L’homme grommelle des mots inintelligibles et toussote à tout bout de champs, je m’imagine que c’est peut-être un ancien mineur et qu’il a chopé la silicose quand il était au fond… après tout on est dans le Nord.
Quelqu’un vient de mettre «quand on a que l’Amour » de Brel sur le vieux juxe-box, Blanche accompagne le grand Jaques de sa voix rayée par le temps.
...
mardi 10 janvier 2006 à 18h05
Bonjour Yann,
Contente que tu aies poussée la porte de mon blog. Ce texte est de toi? Je trouve qu'il exprime très bien les ambiances particulières des troquets de quartier. :)
mardi 10 janvier 2006 à 18h16
bonsoir Laurence
Oui, ce texte est de moi…il raconte des souvenirs de 20 ans
c’est un brouillon (en le lisant j’y vois plein d’erreurs et de fautes) :-(
j’avait projet d’y raconter toute une nuit …
(à l’époque je passait beaucoup de temps dans les troquet)
c’est pour cela qu’il n’est pas encore sur mon blog…
mardi 10 janvier 2006 à 18h17
En tout cas, n'hésite pas à revenir et laisser tes mots ici. J'en prendrai soin. :)
mercredi 11 janvier 2006 à 10h56
J'attendais tout doucement que ce moment vienne... Ce moment attendu, sans fièvre, juste quand naît l'envie...
Le voilà donc le livre que je vais lire... Merci qui ?
;)
mercredi 11 janvier 2006 à 11h41
Serge > Vrai? Je t'ai donné envie de te remettre à la lecture de livres de papier? C'est la plus chouette nouvelle de ma journée. Merci donc à toi. :)
mardi 24 janvier 2006 à 21h48
j'étais dans le métro quand j'aperçut une fille lire un bouquin. Curieux de nature et désireux de connaitre les tendances littéraires du moment, j'entraperçoit le titre. Grâce à cette fille, j'ai découvert deux choses rafraichissante: ce livre et ton blog :)
bonne continuation ;)
mardi 24 janvier 2006 à 22h37
Bienvenu Sam,
la curiosité est parfois un bon défaut et toujours une qualité quand elle est littéraire. En espérant te relire souvent par ici. :)
dimanche 29 octobre 2006 à 07h05
Diomanche 29 octobre 2006 heure d'hiver.
Pourquoi personne n'a plus rien écrit ici depuis le 24 janvier 2006 à 22h37 ?
dimanche 29 octobre 2006 à 08h21
Peut-être parce que ce billet date un peu et que personne n'a eu envie d'y laisser un commentaire. Pourtant ce livre mérite qu'on en parle. :)
Par contre, si tu vas sur la page d'accueil, tu verras que les billets et commentaires continuent d'êtres alimentés de façon très régulière. :)
lundi 30 octobre 2006 à 08h01
Bonjour Laurence,
Ce livre m'a plu aussi.
Je l'intitule Le Zinc des Routines.
J'ai lu aussi une nouvelle, parue dans le Monde Magazine, de Bartelt que j'appelle Martel, à cause de martel en tête, intitulée Krukelin. J'ai aimé.
Je n'ai pas lu son polar.
Dans Le Zinc des Routines, j'ai préféré Histoire Molle. Ca m'a donné l'idée d'une petite nouvelle selon moi. Si ça t'amuse , je te l'enverrai.
A bientôt. Y.Z.
lundi 30 octobre 2006 à 08h22
C'est quoi un trackback ?
Et Laurence, tu es qui ?
C'est toi qui a créé ce blog ?
Tu connais Franz Bartelt ?
Moi, pas du tout. Mais il habite à Nouzonville où je suis née.
lundi 30 octobre 2006 à 08h25
Chère ygreczède
un trackback est un lien d'une page blog vers une autre page blog
Oui c'est moi qui ai créé cet espace
Non je n'ai pas la chance de connaître Frantz Bartelt
;)
mardi 31 octobre 2006 à 08h09
Je ne connais pas non plus Martel.
Mais je lui ai envoyé toute une histoire qui a duré un mois et que m'avait inspiré sa nouvelle parue dans le Monde, sans lui donner ni mon nom ni mon adresse. A la fin de l'histoire, dans un article du journal local, l'Ardennais, j'ai lu que c'est son prof de français, Claude Zimmer, qui lui avait donné le goût d'écrire. Mon nom de fille est Zimmer et comme je l'ai dit, je suis née à Nouzonville où il habite. Devant tant de coïcidences, je me suis dévoilée. Un mois plus tard, (je n'y comptais plus et d'ailleurs ça m'était égal), j'ai reçu une très charmante carte de lui. Mon histoire l'avait intrigué et tenu en haleine. S'il avait tardé à répondre, c'est qu'il avait été retenu ailleurs. Et toi, tu écris ? Je veux dire pour toi. Tu aimes écrire ? Ou tu lis seulement ? Si j'ai bien compris, pour qu'il y ait trackback entre nous, il faudrait que j'ai un blogue ?
mardi 31 octobre 2006 à 08h27
Mais c'est super ! Tu as dû être très heureuse d'avoir sa réponse !! :)
Oui, moi aussi j'écris. J'en reparlerai dans quelques semaines (il faudra surveiller les nouveaux billets, en attendant... chhuuttt ! ;) ). Et oui, il faudrait que tu aies un blog pour qu'il y ait trackback entre nous :D Par contre, rien ne t'empêche de m'envoyer un mail (voir colonne de gauche). Ne t'inquiète pas si je ne te réponds pas de suite ou si tes prochains commentaires ne sont pas mis en ligne immédiatement : je m'absente pour quelques jours. Bonne semaine à toi :)
mercredi 1 novembre 2006 à 08h06
Merci pour tes réponses. Non je ne vais pas m'inquiéter.
Bonnes semaines à toi aussi.
Je vais tâcher de m'ouvrir un blog.
Lis-tu Joyce ? Moi, c'est mon maître d'écriture. Je m'amuse à le traduire selon moi. Avec l'aide des traductions des autres. Car je ne connais pas l'anglais. Je veux dire que je n'en ai pas fait au lycée.
Par exemple, dans Ulyse, Joyce fait dire à Mulligan : back to barracks ! La traduc de la Pléiade, dit : au paddock. Moi, je dis : les mythes au mitard ! S'agissant de quelqu'un qui se moque du calice où le vin va être changé en sang du Christ, je trouve que c'est plus expressif. Bye ! J'espère que je ne te fais pas bailler.
lundi 5 février 2007 à 08h29
L'agréable avec Bartelt est qu'il reste drôlesur des sujets qui ne sont pas toujours réjouissants pour les intéressés. Il est roboratif, cet homme-là !
jeudi 23 août 2007 à 13h48
Merci Laurence pour ton blog que j'ai découvert en étant à la recherche de nouveaux livres à dévorer. Le prochain sera "le bar des habitudes" :) je voulais aussi proposer le dernier livre que j'ai beaucoup aimé: "les Yeux jaunes du crocodiles" qui est un roman de katherine Pancol. A bientôt
jeudi 23 août 2007 à 19h40
Merci à toi Zouille pour les compliments. Je note le titre que tu proposes, surtout que cela fait un moment que j'en entend parler. :)
dimanche 20 avril 2008 à 15h47
A la recherche d'extraits de textes de Franz Bartelt, je tombe sur ton blog où je me sens tout de suite chez moi...
Le texte de Yann (je sais, ça date) me plait. Serait il possible de l'écrire pour le théâtre?
En effet , la troupe "Le Pas du Fou" travaille des textes de "scènes au bar" qui sont destinées à être jouées dans les bistrots au milieu des consommateurs , en toute simplicité. Merci . Louise