Le contenant annonce bien le contenu. Céline Robinet, dont c'est le premier livre, n'y va pas par quatre chemin. Ses histoires sont directes, percutantes, dérangeante et drôle. Les héroïnes de ces 19 récits se ressemblent parfois étrangement. Un peu comme si la même femme avait eu plusieurs vies.
Au centre de leurs préoccupations, on retrouve très souvent le corps. Ce dernier est disséqué, digéré, expulsé, découpé... De la chirurgie esthétique à la scatologie en passant par le cannibalisme, le dictat du physique est une constante de ce recueil.
Céline Robinet emprunte des chemins surprenants et provocants.
Quant aux mots, l'auteure joue avec eux; elle jongle et s'amuse des doubles, voire triples sens; les réinvente pour mieux les exprimer.

Un recueil qui n'est pas toujours égal dans la qualité, tant au niveau des thèmes que de l'écriture, mais qui laisse supposer un futur prometteur.

Extrait :

J'habite près de l'Alexander Platz. La plus grande place de Berlin-Est. Juste à côté de la gare. Tellement près que les annonces des trains couvrent le bruit de ma télévision. J'ai été très étonnée la première fois que j'ai entendu le présentateur du journal de 20 heures gueuler : "En voiture s'il vous plaît!" Je n'ose plus rien faire. Quand je suis devant le frigo, je dois faire "attention à la fermeture automatique des portières!". Chaque fois que j'allume une clope, on me rappelle qu'il est interdit de fumer. En plus avac le plan Vigipirate, je suis obligée de jeter mes mégots sous le tapis du salon. Parfois j'ai l'impression que quelqu'un se fout de ma gueule...
Et s'il n'y avait que les annonce du personnel de gare! Mais il y a aussi les trains et l'équipement du TGV, du RER, et puis le métro aérien, le tramway. Ça grince, ça vrombit, ça crie la ferraille. Sur la route à quatre voies, les voitures, les bus, les camions passent iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinlassablement devant ma fenêtre. Pour rendre à l'avenir cette route encore plus fréquentable, une armée d'ouvriers manie des marteaux-piqueurs directement devant la porte de mon immeuble. DES MA.A.ARTO.O PI.I.IQUEU. EU. EURS! Mon appartement vibre toute la journée. Je n'en dors plus de la nuit. Je suis tellement fatiguée que je pourrais me servir de mes cernes comme soutien-gorge.
Pourquoi on n'a pas de paupières aux oreilles?

vous avez le droit d'etre de mauvaise humeur
Éditions Au Diable Vauvert - 245 pages