Christiane, la mère d’Annabelle, trouve le divorce très difficile, et rend le départ de Luc responsable de tous les problèmes de leur fille. De son côté, l’adolescente n’a qu’une envie : que les fins de semaine se multiplient pour qu’elle puisse aller se reposer chez son père. Parce qu’elle a été une esclave de la musique jusqu’à tout récemment, Annabelle n’a pas vraiment d’amis à l’école, elle est isolée. Avant, cela ne la dérangeait pas du tout, de toute manière elle n’avait pas le temps. Désormais, cependant, elle se sent perdue. Jusqu’à l’arrivée d’Étienne dans sa classe. Un jeune aveugle qui ne se sent pas d’affinité avec les autres élèves sauf Annabelle. Rétive, l’adolescente repoussera souvent la main tendue vers elle. Étienne devra travailler très fort pour entrer dans le cercle de ses amitiés.

Annabelle c’est l’histoire d’une crise d’adolescence durant laquelle le personnage principal a perdu tous ses repères les plus fiables : la musique et le couple que formaient ses parents. C’est l’histoire d’une enfant qui a décidé de se taire, sans le savoir, et qui est devenue si triste de ne plus pouvoir s’exprimer. C’est l’histoire de la rencontre entre deux êtres différents, meurtris et fiers. Annabelle c’est avant tout une histoire de vie.

L’auteure, Marie Laberge, sait depuis des années amener ses lecteurs dans les tourmentes de ses personnages qu’elle dote d’une grande profondeur psychologique. Ce faisant, ils ne se meuvent pas par accident. La force de Marie Laberge tient davantage à la manière qu’elle a de cerner et de transposer la condition humaine qu’à une plume poétique. La plupart du temps, au moins un des personnages centraux est atteint d’une certaine psychose mais c’est toujours décrit avec justesse et finesse.

J’ai lu Annabelle pour la première fois en automne 1996. Je me suis laissée happer par l’histoire jusqu’à en faire de l’insomnie tellement j’étais tellement prise dans le récit. Ce roman m’a fait enrager, rire et verser quelques larmes. Ce roman m’a donné l’impression de lire une biographie particulièrement bien tournée tellement j’y croyais.

Par Mamathilde

« Julie Boisvert [le professeur de piano] frotte doucement son dos comme toujours : « Respire, ma belle, avec ton dos, doucement. » et la main aide, soutient l’effort d’Annabelle. Comme par le passé, le mouchoir salvateur est tendu accompagné d’un : « C’est terrible Schubert comme il sait parler… »
Julie Boisvert retire la cassette, la replace dans la bibliothèque : « Tu l’as reconnu? »
Annabelle se remet à peine de ses émotions
- Non. Je… je n’ai pas fait attention à ça.
- Dommage…
- C’était qui? Lydia?
La main de Julie, si réconfortante dans son dos : « C’était toi, Annabelle, quand tu avais dix ans. »

Annabelle
Éditions Boréal - 480 pages. Pour les Français, vous pouvez le commander ici