Ce très court roman est un éloge au printemps et aux fantasmes. Bruno Schulz, dans son exaltation, cumule les figures poétiques et les phrases alambiquées.
Alors, bien sûr, c'est sûrement très bien écrit, le rythme en devient hypnotique, les métaphores sont inventives... mais trop d'ornements tuent le sens.
Isaac B.Singer disait de Bruno Schulz que "parfois il écrivait comme Kafka, parfois comme Prouist et [qu'] il a fini par atteindre des profondeurs auxquelles ni l'un ni l'autre n'avaient accédé." Je veux bien le croire, je ne demande même que celà, mais à force de circonvolutions et d'enjolivements, j'ai fait une indigestion au bout de 78 pages. Voici donc mon premier roman abandonné en 2006. Le printemps, tout somptueux qu'il soit, n'était pas pour moi.
Extrait :
"Sombre et ardent, empli d'un âpre amour, je recevais le défilé de la création : pays en parche, cortèges brillants que je voyais par intervalles, à travers des éclipses pourpres, étourdi par les coups du sang qui battait dans mon coeur au rythme de cette marche universelle de toutes les nations. Rodolphe faisait défiler devant mes yeux des bataillons et des brigades, organisait la parade avec zèle, avec affairement. Lui, le porpriétaire de cet album, se dégradait volontairement, descendait au rang d'un aide de camp, récitait son rapport solennellement, comme un serment, aveuglé et désorienté dans son rôle ambigu. Enfin, dans un élan, poussé par une magnanimité effrénée, il épingla telle une médaille sur ma poitrine une Tasmanie rose, flamboyante comme le mois de mai, et un Haidarabad où fourmillaient des alphabets étranges, enchevêtrés.
Éditions Folio - 120 pages
Commentaires
lundi 6 mars 2006 à 10h26
je suis bien décu que tu n'ais pas apprécié ce roman, et j'espere que tu trouveras plus de plaisir à la lecture de "LE SANATORIUM AU CROQUE-MORT", autre roman de Bruno Schulz (à ne pas confondre avec le pére de Charly Brown et Snoopy).
jeudi 15 mars 2007 à 12h42
"Le Printemps" n'est pas un roman. Ce n'est qu'une nouvelle, faisant partie d'un de deux recueils de recits intitules "Boutiques de cannelle" et "Sanatorium au Croque-Mort". Je ne connais pas la version francaise de ces textes (elle n'est peut-etre pas bonne, la traduction), car je les ai lus entierement en polonais (qui est ma langue maternelle). Personnellement, je n'ai vraiment apprecie l'ecriture de Schulz et la richesse baroque de son langage qu'apres avoir lu d'autres romanciers de cette epoque-la. Il ne faut pas oublier l'influence de Kafka sur l'oeuvre de l'ecrivain polonais, et puis aussi de Thomas Mann.
Avez-vous vu un film excellent de Wojciech Has "Clepsydre" (adaptation de "Sanatorium au Croque-Mort", le petit chef-d'oeuvre du cinema polonais, oeuvre genial et visionnaire?
vendredi 16 mars 2007 à 08h38
Que ce soit un roman ou une nouvelle n'empêche en rien de prendre ou non du plaisir à sa lecture. Je suis personnellement très friande du genre de la nouvelle, car il faut savoir suggérer beaucoup en peu de temps.
Je ne mets d'ailleurs pas en doute les qualités littéraires de cette œuvre, mais je ne suis pas sensible à ce style d'écriture, tout simplement.