Ce très court roman est un éloge au printemps et aux fantasmes. Bruno Schulz, dans son exaltation, cumule les figures poétiques et les phrases alambiquées.
Alors, bien sûr, c'est sûrement très bien écrit, le rythme en devient hypnotique, les métaphores sont inventives... mais trop d'ornements tuent le sens.

Isaac B.Singer disait de Bruno Schulz que "parfois il écrivait comme Kafka, parfois comme Prouist et [qu'] il a fini par atteindre des profondeurs auxquelles ni l'un ni l'autre n'avaient accédé." Je veux bien le croire, je ne demande même que celà, mais à force de circonvolutions et d'enjolivements, j'ai fait une indigestion au bout de 78 pages. Voici donc mon premier roman abandonné en 2006. Le printemps, tout somptueux qu'il soit, n'était pas pour moi.

Extrait :

"Sombre et ardent, empli d'un âpre amour, je recevais le défilé de la création : pays en parche, cortèges brillants que je voyais par intervalles, à travers des éclipses pourpres, étourdi par les coups du sang qui battait dans mon coeur au rythme de cette marche universelle de toutes les nations. Rodolphe faisait défiler devant mes yeux des bataillons et des brigades, organisait la parade avec zèle, avec affairement. Lui, le porpriétaire de cet album, se dégradait volontairement, descendait au rang d'un aide de camp, récitait son rapport solennellement, comme un serment, aveuglé et désorienté dans son rôle ambigu. Enfin, dans un élan, poussé par une magnanimité effrénée, il épingla telle une médaille sur ma poitrine une Tasmanie rose, flamboyante comme le mois de mai, et un Haidarabad où fourmillaient des alphabets étranges, enchevêtrés.

le printemps
Éditions Folio - 120 pages