Le récit s'ouvre sur un repas au restaurant. Molinet a été invité par sa nièce dans le dernier lieu chic de Londres. Mais que dire quand on ne s'est pas vu depuis tant d'années? Les derniers potins, bien sûr. Et notamment la mort curieuse de Jaimes Valdes.
Mort accidentelle ou assassinat? Molinet n'écoute que d'une oreille le récit de sa nièce. Mais en arrivant à l'hôtel, il y découvre la veuve Valdez. Molinet est alors rattrapé par son propre passé.

J'avais lu l'été dernier "Petites infamies" et j'avais apprécié le sens du détail et de la caricature de Carmen Posadas.
En commençant ce nouvel opus, j'ai retrouvé le même plaisir (surtout lors de repas au restaurant). Malheureusement l'intrigue se dilate, et une certaine monotonie s'installe sur une bonne partie du roman : le temps s'écoule lentement à l'abri de la frénésie londonienne et des rumeurs madrilènes.
Bien sûr, l'intrigue n'est pas l'objet principal de ce récit. Elle n'est qu'un prétexte pour permettre à Carmen Posadas de brosser des portraits mordants de la jet Set espagnole. Mais à force de diluer la narration sous force de détails, elle perd l'éclat et la vigueur que j'avais appréciés dans le premier roman. Une déception donc, mais j'ai vu qu'un troisième roman était sorti en poche.... ;)

Extrait :

"Une impression de déjà vu, se dit-il, ça recommence. C'est toujours la même chose : l'un raconte ce qu'il croit que l'autre désire savoir de la famille, et l'autre écoute en faisant les commentaires aimables qu'il suppose qu'on attend de lui, et voilà comment tout le monde se condamne à l'ennui."
C'est ainsi qu'au moment où Fernanda en vint à parler de sa vie actuelle, Molinet pensait déjà à autre chose, au voyage qu'il allait faire le lendemain, si bien qu'il ne capta que des bribes du discours de sa nièce. Il saisit que les fils de Fernanda, trois gaillards déjà grands dont il ne se souvenait même pas, suivaient beaucoup trop de cours. "Tu imagines? non, tu ne peuuux pas t'imaginer ! Des cours de piano, de judo, de tennis, d'équitation et de karaté ! Avec-ce-que-ça-coûte! C'est l'hor-reur!" puis, brusquement, sans transition, sa nièce était revenue au Salon du Foyer idéal qui l'avait amenée à Londres avec l'intention d'acheter quelques appareils pour son entreprise de traiteur à domicile qu'elle avait baptisée Paprika et Aneth - ou Cayenne et Aneth? Enfin, quelque chose comme ça, et c'est à ce moment-là qu'elle s'était penchée vers lui pour lui demander de but en blanc, en changeant de ton et avec un air complice :
"Dis, Rafaelmolinet (tel quel, en un seul mot, comme si la langue lui avait fourché), ça te dirait, d'écouter l'histoire d'une criminelle?"

cinq mouches bleues
Éditions Points - 375 pages