Au cours de leur voyage, les deux compères multiplient les aventures : du concours d'insultes à la course de tous les dangers, en passant par les longs hivers d'hibernation, leur amitié se tisse solidement.
Mais un jour, les fouines retrouvent leurs traces et kidnappent Pié;
Arrive alors le troisième personnage central de ce roman, j'ai nommé Docteur Lem, un coq à la mémoire fuyante, qui soigne les "verrues palantaires" et autres "dépurition de l'oskiput". Cornebique, accompagné de son nouvel allié, décide d'aller sortir Pié des griffes des sales fouines.

Ce roman est un petit bijou ! Il est conseillé aux 9 ans et plus, mais peut-être lu sans problème aux enfants de 7 à 9 ans. Mon fils et moi nous sommes autant amusés l'un que l'autre. A raison de 2 ou 3 chapitres par soir, il nous a fallu à peine une semaine pour venir à bout de ses 196 pages.
Pour le parent-lecteur, l'écriture est un régal et permet de "jouer" l'histoire : les onomatopées sont nombreuses, les extraits de chansons rythment le récit, et les personnages sont suffisamment bien campés pour pouvoir leur imaginer des voix distinctes.
Pour l'enfant-auditeur les éclats de rire sont garantis. Et à chaque fois que les griffues pointent le bout de leur nez, les petits poings se crispent et le souffle se suspend. Seule la voix du lecteur résonne dans la chambre. Mais très vite, Cornebique, Pié ou Docteur Lem, par leurs facéties, font à nouveau vibrer l'air de rires à gorge déployée.
Oui, vraiment, nous avons pris un plaisir infini à nous retrouver autour de ce roman.

Du même auteur : La troisième vengeance de Monsieur Poutifard, L'enfant Océan, L'homme qui levait les pierres, La rivière à l'envers et Le combat d'hiver

Extrait :

"Bref, il a décidé de le [Pié, le petit loir en hibernation] garder. Après tout il ne dérange pas, il ne fait pas de bruit, il ne coûte pas cher à nourrir… Cornebique, cependant, évite d’en parler à quiconque. Il ne le montre jamais. Le soir, quelques fois, à l’abri des regards, il jette un œil dans le balluchon avant de dormir. Il lui arrive même, quand il a un coup de solitude, de prendre la chaussette entre ses grandes mains, de laisser dépasser la petite tête endormie de Pié et de lui faire un brin de causette :
- ça va comme tu veux, fiston ? La nuit se passe bien ?
Mais il est aux abonnés absents, le fiston. Les paupières sont closes et semblent collées l’une à l’autre. On dirait qu’elles ne s’ouvriront plus jamais. Les menottes sont réunies sous le museau, parfaitement immobiles elles aussi.
- tu ne réponds pas ? … Non, tu ne réponds pas… tu ne réponds jamais… T’es pas franchement du genre boute-en-train, hein ? Pour l’ambiance, faut repasser… d’un autre côté t’es pas contrariant non plus, c’est l’avantage…
Un soir, le petit garçon de la ferme où il passe la nuit le surprend en plein monologue. Il s’étonne :
- Tu parles à ta chaussette ?
L’enfant se tient immobile dans l’embrasure de la porte et attend la réponse. Cornebique ne se démonte pas :
- Bien entendu que je parle à ma chaussette. Pas toi ?
- Non.
- Jamais ?
- Jamais.
- Tu as tort. Il faut toujours parler à ses chaussettes. Sinon elles se vengent.
- Ah… Et comment ?
- Elles puent."

la ballade de Cornebique
Éditions Gallimard Jeunesse Hors-Piste - 196 pages