Frédéric n'est qu'un jeune étudiant insouciant, vivant au crochet de ses parents. Ses nuits à Aix en Provence, sont peuplées de salles de jeux et lieux de perdition.
Naïs, elle, est volontaire, acharnée et bien décidée à prendre ses distances d'un foyer trop oppressant.

De la rencontre de ces deux êtres si dissemblables, Émile Zola nous raconte la vie, comme il sait si bien le faire : tout en demi-teinte et nuances. Rien de trop gai ou trop triste, mais une réalité dans ce qu'elle peut revêtir de plus complexe.
Les personnages sont peints et étudiés avec le soucis du détail, tout comme les paysages qui les entourent.
Car ce roman est aussi un merveilleux hommage à la Provence : d'Aix en Provence à l'Estaque, en passant par les séances de prêche ou le travail dans une tuilerie, Zola nous offre un tableau éclatant des côtes méditerranéennes.

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un roman d'Émile Zola. Comme à chaque fois, j'ai été emportée par son style et ses histoires si terriblement humaines.

Du même auteur : Nana, Comme on meurt

Laurence

Extrait :

"Le pays est superbe. Des deux côtés du golfe, des bras de rochers s’avancent, tandis que les îles, au large, semblent barrer l’horizon ; et la mer n’est plus qu’un vaste bassin, un lac d’un bleu intense par beaux temps. Au pied des montagnes, au fond, Marseille étage ses maisons sur des collines basses ; quand l’air est lipide, on aperçoit, de l’Estaque, la jetée grise de la Joliette, avec les fines mâtures des vaisseaux, dans le port ; puis, derrière, des façades se montrent au milieu de massifs d’arbres, la chapelle de Notre-Dame-de-la-Garde blanchit sur une hauteur, en plein ciel. Et la côte part de Marseille, s’arrondit, se creuse en larges échancrures avant d’arriver à l’Estaque, bordée d’usines qui lâchent, par moments, de hauts panaches de fumée. Lorsque le soleil tombe d’aplomb, la mer, presque noire, est comme endormie entre les deux promontoires de rochers, dont la blancheur se chauffe de jaune et de brun. Les pins tachent de vert sombre les terres rougeâtres. C’est un vaste tableau, un coin entrevu de l’Orient, s’enlevant dans la vibration aveuglante du jour."

nais micoulin
Éditions Aubéron - 105 pages