Comme souvent dans les thrillers, Jean-Christophe Grangé déroule le fil de son intrigue, à l'aide d'une double narration.
D'un côté, un duo improbable de flics qui tente de débusquer le tueur en série qui sévit dans le 10ème arrondissement de Paris; de l'autre, une jeune femme du 16ème, épouse d'un haut fonctionnaire, qui réalise avec effroi que ses souvenirs ne sont pas les siens.

Rien à dire : c'est du thriller efficace et haletant. On se laisse porter par les événements, en tentant de dénouer l'intrigue sans jamais y parvenir vraiment. Et c'est ce qui est agréable : être surpris ou étonné jusqu'à la dernière page. Jean-Christophe Grangé offre de la matière à ses personnages, les rend crédibles malgré l'invraisemblance des rebondissements.
Le style? À vrai dire je ne me suis pas posé la question. Rien de transcendant sûrement, mais qu'importe, là n'est pas l'essentiel puisque l'histoire est prenante.

Autres romans de Jean-Christophe Grangé :
La ligne Noire
Le serment des limbes
Miserere
La forêt des Mânes

Laurence

Extrait :

"Depuis le mois de février, ses crises étaient beaucoup plus fréquentes qu'elle ne l'avait avoué. Ses absences la surprenaient maintenant à tout moment, dans n'importe contexte. Un dîner chez des amis; une visite chez le coiffeur; un achat dans un magasin. Anna se retrouvait soudain entourée d'inconnus, de visages sans nom, au coeur de l'environnement le plus familier.
La nature même de ces altérations avait évolué.
Il ne s'agissait plus seulement de trous de mémoire, de plages opaques, mais aussi d'hallucinations terrifiantes. Les visages se troublaient, tremblaient, se déformaient sous ses yeux. Les expressions, les regards se mettaient à osciller, à flotter, comme au fond de l'eau.
Parfois, elle aurait pu croire à des figures de cire brûlante : elles fondaient, et s'enfonçaient en elles-mêmes, donnant naissance à des grimaces démoniaques. D'autres fois, les traits vibraient, trépidaient, jusqu'à se superposer en plusieurs expressions simultanées. Un cri. Un rire. Un baiser. Tout cela agglutiné en une même physionomie. Un cauchemard.
Dans la rue, Anna parchait les yeux baissés. Dans les soirées, elle parlait sans regarder son interlocuteur. Elle devenait un être fuyant, tremblant, apeuré. Les "autres" ne lui renvoyaient plus que l'image de sa propre folie. Un miroir de terreur."

l'empire des loups
Éditions Albin Michel - 456 pages