Héléna a toujours vénéré son père. A tel point qu'il fait partie intégrante de sa vie et qu'elle lui a tout sacrifié. L'arrivée de Paul M. est donc un véritable cataclysme.
Quels sont donc les secrets que son père lui a toujours tus?

Sur la quatrième de couverture, on peut lire : "Toutes les femmes ont un père : il faut bien comprendre ceci, qui n'est pas une évidence. Toutes les femmes ont un père : cela veut dire que toutes les femmes sont condamnées au malheur.". C'est par cette phrase on ne peut plus provocatrice qu'Eliette Abécassis attaque son roman. Son héroïne remonte le fil de son existence et nous parle de son père comme d'un demi-dieu. La mère, elle, est totalement absente. Comme un mantra, le groupe nominal "mon père" est omniprésent. Il revient presque à chaque phrase et parfois même plusieurs fois dans une seule. Comme si la narratrice voulait se convaincre de cette réalité, s'approprier l'homme, le faire sien, dans un tourbillon dangereux.
Un récit sur l'œdipe et les traumatismes que cela ne manque pas de provoquer. Quand le père tombe trop tard du piédestal et que les petites filles devenues quadragénaires réalisent, une fois qu'il n'est plus temps, que leur père n'était pas leur prince.

Du même auteur : Le trésors du temple

Extrait :

"Un matin, je me suis éloigné de mon père. C'était la veille du jour de mes vingt ans, le premier anniversaire que je passais sans lui. Le lendemain, mon père me téléphona tôt dans la journée pour me dire combien il était heureux du jour de ma naissance.
- Tu es le premier, dis-je.
Et le soir, tard, à nouveau, mon père appelait.
- Je suis le premier et le dernier.
Mon père était l'alpha et l'oméga. Il commençait et finissait ma journé; pourquoi sa mort n'aurait-elle pas été la fin de ma vie?
Mon père, lui, n'avait plus de père. Ainsi, il n'était que père, n'étant pas fils. Mon père n'avait pas de mère non plus. Mon père n'avait pas de frère : ainsi, il était le seul de son genre. Il était une espèce particulière : monpère était de l'espèce des pères. Mon père, qui n'avait pas de famille, semblait né d'une génération spontannée. Et moi, j'étais la fille de mon père, j'étais le fils de mon père, j'étais la mère de mon père et le père de mon père. Je comblais les manques insondables du coeur de mon père."

couverture
Éditions Albin Michel - 137 pages