Ce récit est donc celui des rencontres du couple : Dulce, la nymphomane paumée; Lucien, grutier de profession et habité par l'esprit des chamans; Cécile, une jeune française qui aboie quand elle est excitée; Pépé, qui attend la mort dans son fauteuil roulant en compagnie de ses souvenirs de l'Angola...

Impossible de m'attacher au sort de ces personnages. Les divagations de ces trentenaires paumés et sans buts m'ont laissée totalement froide.
Car c'est bien là le noeud de l'histoire : une bande d'adultes qui refusent d'affronter la vie et qui passent leur temps entre boisson, joints et coïts.
Un personnage, dans tout ce ramassis d'oisifs désœuvrés, a pourtant réussi à m'émouvoir : Pépé, un homme qui a vécu, avec rage et passion, même si l'Histoire aujourd'hui le placerait du mauvais côté de la barrière; un homme qui sait que la fin n'est plus très loin.
Une dernière chose me laisse perplexe : Olivier Maulin a choisi de démarrer chacun de ses chapitre par une sorte de résumé de ce qui suit. J'ai lu le premier, mais après avoir compris de quoi il s'agissait, je me suis abstenue pour les suivants : quel intérêt de lire les chapitres dans leur intégralité si les chapôs nous en dévoilent le contenu dans une sorte de résumé pré-digéré? J'ai trouvé la démarche plus que curieuse.

Extrait :

C'est elle qui avait eu cette idée foireuse. Elle était d'origine portugaise et comme les choses n'allaient pas brillamment à Paris, elle avait pensé "renter au pays". Elle disait que le Portugal était un pays riche, forte croissance, pas de chômage, que bientôt il dépasserait la France, etc...
- Je prévois des milliers d'immigrés français au Portugal, disait-elle.
- Plus on ira tôt, plus on a nos chances, disait-elle.
- La France c'est le passé, disait-elle.
- On est des colons, disait-elle encore.
Ma grande faiblesse avait été de ne pas lui avoir mis une grande claque sur le museau pour la refroidir à temps dans ses ardeurs. Au lieu de cela, j'avais acheté des grandes valises, je m'étais exalté, on a tout liquidé et un matin nous sommes allés porte de Bagnolet, nous avons pris un bus pour Lisbonne et quand il a démarré, Ana a dit qu'on était des précurseurs et elle a pleuré.
Cette conne m'avait transformé en immigré.

En attendant le roi du monde
Éditions L'esprit des Péninsules - 272 pages