Baillon est un monologue.
L'homme sur scène raconte son histoire; il y est question d'amour, de sida, de mort et d'imagination.
L'écriture m'a paru trop hâtive, précipitée. Cela est d'autant plus dommage que ce personnage pourrait devenir très attachant, et que les dernières phrases sont vraiment somptueuse. Mais le texte manque d'ampleur et ce qui aurait pu être extrêmement émouvant se réduit à de l'anecdotique.

L'école du diable, est là encore, à mon sens, beaucoup trop étriqué par rapport au propos traité : le diable est malade, neurasthénique, et ses sbires tente de lui redonner goût à la vie.
Plus qu'une pièce de théâtre, il s'agit ici d'un clin d'œil, une sorte de courte farce qui n'a pas d'autre prétention que de faire sourire.

Déçue, donc, car je pense que ces deux textes auraient pu faire l'objet d'une écriture bien plus incisive et développée.

Du même auteur : Lorsque j'étais une oeuvre d'art, La part de l'autre, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la dame en rose, L'enfant de Noé, La nuit de Valognes, Le visiteur, Odette Toulemonde, La rêveuse d'Ostende et L'évangile selon Pilate

Extrait :

LE MAJORDOME. Eh bien?
LE MÉDECIN. Stationnaire
LE MAJORDOME. Sa température?
LE MÉDECIN. Mille.
LE MAJORDOME. Mille? Normale donc?
LE MÉDECIN. Normale.
LE MAJORDOME. Ses battements de cœur?
LE MÉDECIN. Aucun
LE MAJORDOME. Normal donc?
LE MÉDECIN. Normal.
LE MAJORDOME. Quelle est votre conclusion?
LE MÉDECIN. Dépression
LE MAJORDOME. Mais je ne vois pas du tout ce qui pourrait le déprimer, tout va au plus mal.
LE MÉDECIN. En êtes-vous sûr?
Pour donner plus de poids à ses dires, le Majordome saisit un immense rouleau de papier couvert d'informations. Il commente :
LE MAJORDOME. Nous avons actuellement plus de quinze guerre sur le globe, assez salement ravageuses grâce au progrès techniques; un bon million de situations tendues qui font plusieurs morts et quelques blessés graves par mois; trois tremblements de terres; deux cyclones; cinquante inondations et une sécheresse chronique; une moitié de l'humanité crève de famine, l'autre moitié d'indigestion, la médecine se chargeant des rescapés; il traîne encore sur la terre cent vint-cinq maladies mortelles; les prisons sont pleines; les galières et les ghettos aussi; la peine de mort triomphe; la torture devient une vertu maîtresse; on gifle les enfants, on les frappe, on les tue, on les vioe; les religions poussent à l'abus ou au crime sexuel, bref, je ne vois vraiment pas ce qui pourrait le déprimer !
Le Diable sort de l'ombre, cassé par la douleur.
LE DIABLE. La banalité. Nous clapotons dans la banalité, je m'enlise, j'étouffe.

couverture
Éditions Le Livre de Poche