La 35ème brigade de Toulouse est essentiellement composée de jeunes ados, presque des enfants. Pourtant, au nom de la liberté, ils vont défier l'ennemi, saboter, casser, semer le doute et parfois même tuer.
Pourtant, au nom de la liberté, ils vont se battre, aussi jeunes soient-ils. Ils vont subir les représailles de leurs actions, les traques, les coups, la mort des copains. Ils sont des résistants, donc, pour l'ennemi, des terroristes. Et on le sait, un bon terroriste est un terroriste mort...

C'est l'histoire de Jeannot que l'on suit. Mais à travers lui, c'est l'histoire de toute la brigade des enfants. Ces enfants qui sont plus mûrs que des adultes, parce que la guerre est un jeu sérieux. Si on est naïf à la guerre, on est mort.

Ce roman, je l'ai adoré. Il s'agit même plus que d'un roman, c'est un vrai témoignage que nous livre Marc Lévy car, si je ne me trompe pas, Jeannot était le pseudo de son propre père, Raymond Lévy.
C'est un roman qui m'a profondément touché, d'abord par l'écriture, simple, directe, mais pas naïve du tout. Au contraire.
Ensuite, par le sujet abordé. En tant qu'historien, j'ai beaucoup étudié la guerre, mais jamais dans mes cours n'est apparu ne serait-ce que l'évocation de ces fameuses brigades d'enfants. Tout comme la rafle du Vél d'Hiv qu'évoque Tatiana de Rosnay, le sujet est gardé sous silence...
Enfin, parce que c'est un roman qui m'a attiré, insensiblement. Il m'a intrigué tout d'abord, puis les petits problèmes que j'ai eu à l'avoir n'ont fait qu'aiguiser ma curiosité et au final lorsque je l'ai reçu, je l'ai tout simplement dévoré, m'arrêtant quelque fois pour reprendre mon souffle, m'essuyer les yeux trop humides, et repartir vivre cet enfer pavé de moments formidables au côté de ces jeunes admirables.

Je vous livre quelques passages qui m'ont marqués, mais j'ai eu énormément de mal à me décider, vu qu'à mon sens il aurait fallu citer le livre entier...

Par Cœur de chene

Extrait :

« Ce 21 mars 1943, j'ai dix-huit ans, je suis monté dans le tramway et je pars vers une station qui ne figure sur aucun plan : je vais chercher le maquis.
Il y a dix minutes, je m'appelais encore Raymond, depuis que je suis descendu au terminus de la ligne 12, je m'appelle Jeannot.[...]

Alors voilà un petit bout de l'histoire de Charles, Claude, Alonso, Catherine, Sophie, Rosine, Marc, Emile, Robert, mes copains, espagnols, italiens, polonais, hongrois, roumains, les enfants de la liberté.[...]

Chahine attendait que le jour s'en aille pour échanger quelque mots. Il lui fallait probablement que les silences de la nuit l'entourent pour retrouver un peu de force. Ensemble dans ces silences, nous partagions un peu d'humanité.
Le père Joseph, l'aumônier de la prison, sacrifiait ses tickets de rationnement pour lui venir en aide. Chaque semaine, il lui apportait un petit colis de biscuits. Pour nourrir Chahine, je les émiettais et le forçais à manger. Il lui fallait plus d'une heure pour grignoter un biscuit, parfois le double. Epuisé, il me suppliait de donner le reste aux copains, pour que le sacrifice du père Joseph serve à quelque chose.
Tu vois, c'est l'histoire d'un curé qui se prive de manger pour sauver un Arabe, d'un Arabe qui sauve un Juif en lui donnant encore raison de croire, d'un Juif qui tient l'Arabe au creux de ses bras tandis qu'il va mourir, en attendant son tour ; tu vois, c'est l'histoire du monde des hommes avec ses moments de merveilles insoupçonnées.

couverture
Éditions Robert Laffont - 433 pages