Nous voici reparti sur la route avec Jacques Poulin, cette fois dans un ancien camion de laitier transformé en bibliothèque. Une fois de plus ils sont deux à faire le voyage, deux à chercher leurs réponses à la fois intimes et collectives. Cette fois la question de l’âge est centrale, bien que discrète, à lire en filigrane de ce récit tout aussi minimaliste que le Volswagen Blues dont je vous avais déjà parlé.

Il y a le Chauffeur donc, et il y a Marie, une française qui travaille avec une fanfare de passage au Québec. Les deux univers se rencontrent et se percutent. Cette fois l’histoire d’amour est inévitable et elle est palpable contrairement à ce que j’ai pu dire de Volswagen Blues. Certaines scènes sont très touchantes et on ressent bien cet «amour de la maturité».

Pour moi, il s’agit vraiment d’un meilleur roman que Volkswagen blues. D’abord ça se passe en Charlevoix, une région que j’adore et je me suis plus attachée aux personnages même si je trouve que la situation amoureuse compliquée que vit Marie devrait nous permettre d’entrer davantage dans ses douleurs et ses doutes. Et je continue à trouver le tout un peu trop minimaliste et parfois regorgeant de cliché. Ils vont faire un pique nique sur la plage et on nous décrit le panier d’osier avec une nappe à carreaux blanche et rouge… Non mais sérieux, on est tellement dans l’image du sens commun ici que ça déçoit un peu.

D’ailleurs dans ce livre on retrouve Jack, le personnage principal de Volkswagen blues, et il est question des critiques que son dernier roman a reçu (toujours la même histoire, toujours les mêmes personnages, etc.). On peut facilement imaginer que ce sont des critiques que Jacques Poulin a essuyé lui-même à plusieurs reprises !

Je n’arrive pas vraiment à savoir si pour des lecteurs européens la beauté des paysages évoqués dans ce livre serait aussi vivante que pour nous qui les avons vus. Si ce n’était que pour tester cela, je vous encouragerais à faire ce voyage dans les plus majestueux horizons de mon pays !

Du même auteur : Les Yeux bleus de Mistassini, Volswagen Blues

Par Catherine

Extrait :

Elle avait pensé à tout. Elle proposait de partir dans une demi-heure et de pique-niquer sur l’île dans l’après-midi. Avec Slim et la chanteuse, elle se chargerait de préparer le lunch ; il n’avait à s’occuper de rien.

Une heure plus tard, débarquant du bac qu’ils avaient pris à Saint-Joseph-de-la-Rive, le Chauffeur et ses trois passagers arrivaient à l’île aux Coudres. Ils montèrent la côte du quai et entreprirent le tour de l’île.

Le Chauffeur roulait lentement pour leur permettre de goûter l’atmosphère de paix qui baignait l’île et d’admirer les maisons basses en pierre, les vieux moulins, les champs fleuris et les oiseaux de mer. Marie était assise à côté de lui, sur le tabouret. Mélodie et Slim, appuyés l’un sur l’autre, se partageaient le siège de droite. La chanteuse avait les yeux cernés par le manque de sommeil ; l’équilibriste, mal rasé et les cheveux en désordre, avait passé son bras gauche autour de ses épaules.

couverture
Éditions Babel - 208 pages