Il ne s'agit ni d'un roman, ni d'un poème, mais c'est pourtant tout cela à la fois. À travers la juxtaposition de ses réflexions, il nous raconte la maladie, l'espoir, l'acceptation, la tendresse ou la douleur : tous ces instants qui font une existence, même si l'automne arrive trop vite.

Il nous parle de son père mais aussi de cet arbre majestueux qu'il observe de sa fenêtre. L'arbre devient alors le symbole de cette vie qui s'enfuit.

Ce texte est bouleversant de justesse. Chaque phrase résonne/raisonne longtemps après que le livre a été fermé.
Comme dans Geai, je reste frappée par cette poésie dépouillée de tout artifice, qui se contente d'aller chercher au plus profond de nous ces parcelles de grâce qui sommeillent. Il est très difficile, je crois, de parler de ce texte, sans en amoindrir la puissance. Je n'ai malheureusement pas le talent de Christian Bobin, et tout ce que je pourrai vous dire me semble fade en regard de son ouvrage. Je vous conseille donc fortement de vous faire une idée par vous même, en découvrant sans plus tarder cette "Présence Pure".

Du même auteur : Geai, L'inespérée, La dame blanche, Isabelle Bruges, Les ruines du ciel, Carnet du soleil, L'homme-joie

Extraits :

J'aime appuyé ma main sur le tronc d'un arbre devant lequel je passe, non pour m'assurer de l'existence de l'arbre - dont je ne doute pas - mais de la mienne.

Il ne se reconnaît plus sur les photographies. Il n'y reconnaît pas non plus les siens. Quand on les lui nomme, il a les yeux brillants de joie, émerveillé de se découvrir des enfants comme s'ils venaient de naître.
Ce qu'il savait du monde et de lui-même est effacé par la maladie, comme une éponge sur un tableau. Le tableau est grand, il est impossible de l'essuyer en une seule fois, mais de nombreuses phrases ont déjà disparu.

La maladie d'Alzheimer enlève ce que l'éducation a mis dans la personne et fait remonter le cœur en surface.

couverture
Éditions Le temps qu'il fait - 66 pages