Michaël Cohen se glisse dans les pensées de Jean, et au moyen de narrations enchâssées, il alterne le déroulement des retrouvailles et les flash-back de cette passion hors-norme.

Le flot est rapide, les phrases courtes, le vocabulaire cru. On sent l'urgence et l'angoisse du narrateur qui espère tout de cette soirée.
En quatrième de couverture, l'éditeur présente ce roman comme une variation du "thème du couple infernal et de l'amour impossible". Mais personnellement, d'amour, je n'en ai pas vu dans cette histoire.

Jean commence, selon lui, par tomber follement amoureux de Gabrielle après l'avoir aperçue dans un café. Sans même la connaître, il va tout lâcher pour pouvoir l'observer des semaines durant, sans même lui dire un mot. Amoureux d'une image. Autant dire, amoureux d'un fantasme ou de l'idée de l'amour. Comment aimer véritablement ce que l'on ne connaît pas? Gabrielle elle-même lui en fait la remarque : "Je crois que tu rêves de l'amour comme... comme une rêve justement. Tu le désires comme une quête enfantine."
Oui, Jean et Gabrielle sont deux enfants perdus qui confondent tout : l'amour et le désir d'amour. Ce qu'ils vivent n'est nullement de l'amour, mais une passion dévorante, destructrice et même parfois malsaine.
Aimer ce n'est pas se renier au bénéfice de l'autre, ce n'est pas non plus admirer son image dans le regard de l'autre. Plus j'avançais dans le récit, et plus j'avais l'impression d'assister au naufrage de deux noyés qui tentent de se sauver mutuellement alors qu'ils ne font que précipiter leur échec.

Michaël Cohen, dont c'est le premier roman, nous propose une fin ouverte, laissant le soin au lecteur d'imaginer ce que sera l'avenir de ses protagonistes. Et bien, entre mes mains, leur destin me paraît sombre, très sombre.

Laurence


Que dire de ce roman pour lequel seul le titre a aigusé ma curiosité ? « Ca commence par la fin ». J'ai été suffisamment accrochée par le texte de la quatrième couverture pour vouloir emprunter le livre à Laurence et l'ouvrir.
Et puis...

Rien. Mais rien du tout. J'ai tout de même poussé jusqu'à la page 45. Et toujours rien. Rien ne m'a suffisamment accroché pour faire l'effort d'aller plus loin. Surtout pas les tergiversations, le verbiage de Jean. Ni la femme de sa vie, Gabrielle. Peut être suis-je trop sévère ? Je ne sais que dire. On nous annonce « un couple infernal et un amour impossible ». Bien, mais je n'ai trouvé ni l'amour et encore moins un couple. Mais deux individus qui ne savent pas vraiment ce qu'ils veulent.
En tout cas, je préféré abandonner ma lecture au plus vite et passer à d'autres dont j'étais nettement plus impatiente. C'est peut être la raison de ma non-rencontre avec cette histoire qui n'a même pas commencé pour moi. La concurrence devait être trop rude.

Dommage ! Pas grave. J'espère pour l'auteur, dont c'est le premier roman, qu'il trouvera d'autres lecteurs plus enthousiastes.

Dédale
le 22 janvier 2008

Extrait :

Le lendemain, je suis revenu. À la même heure. Elle n'y était pas. Le surlendemain, pareil. Et ainsi de suite pendant je ne sais plus combien de jours. Je maigrissais à vue d'œil. Ne dormais plus. Ne voyais plus personne. Ne répondais plus au téléphone. Ne payais plus mes facture. Buvais café sur café. Sans sucre. J'avais l'impression d'errer. De vivre dans un mode parallèle. Dans lequel l'espèce humaine avait disparu. Que nous étions les seuls survivants. Mais qu'elle ne savait pas où me retrouver alors que le premier réflexe en cas d'apocalypse était, naturellement, de revenir dans ce café. Point évident de ralliement pour les deux rescapés que nous étions. L'humanité était en danger. Nous nous devions de nous reproduire.

Je suis venu tous les jours. J'arrivais à huit heures du matin et repartais à dix heures, onze heures. 22 heures, 23 heures. Je commençais à devenir un habitué du lieu. Les serveurs devenaient sympathiques avec moi. Et pire, ils se mettaient à me parler. Engager des conversations. en temps normal déjà, c'est-à-dire en temps où mon esprit n'est pas prisonnier d'une seule et unique pensée, je n'aime pas que les garçons de café, ou les fille même, me fassent la conversation. Soit ce sont des banalités. Soit c'est trop intime. Dans les deux cas, ça me dérange. J'aime les cafés pour ce qu'ils offrent d'isolement accompagné.
- Ça va? La forme?
Ta gueule.

Un énième matin, en arrivant, je l'ai vue. Première arrivée. Elle buvait un grand café, mangeait un petit pain au chocolat et lisait un quotidien. Mes jambes se sont mises à trembler. Mais mon pantalon était large. Tel un homme sans peur, je me suis installée à la table d'à côté. Je l'ai regardée. Elle aussi. J'étais figé. Elle m'a souri. Le serveur, mon serveur, est arrivé.
- Ça va? La forme?
- Oui, bien merci. Et vous?
- Comme un matin.
Passionnant.
- Qu'est-ce que je vous sers?
- Heu... Je vais prendre un café et... vous avez des pains au chocolat?
Notre premier petit déjeuner.

couverture
Éditions Julliard - 147 pages