Pour commencer, Patrick décide de s'acheter une valise. Une belle valise à roulettes, de couleur rouge, qu'il installe immédiatement au pied de son lit.

Il ne reste plus maintenant qu'à la remplir et choisir une destination. Patrick passera toute sa vie à essayer de mettre son projet à exécution.

Comme dans La vie sur Mars, Laurent Graff met ici en scène un anti-héros. Patrick n'a pas le courage de ses ambitions. Des rêves, il en a plein; mais la réalité l'effraie. Alors il lui suffit de savoir qu'un jour, peut-être, si le désir devient insoutenable, il pourra éventuellement tout quitter. Et cette éventualité va lui suffire pendant plus que quarante ans.
Toute sa vie, Patrick tentera de se persuader qu'il finira par avoir le courage de ses ambitions.
C'est donc cet non-existence que Laurent Graff nous raconte.

Même si je peux comprendre l'intérêt romanesque d'une telle entreprise, je n'ai pas été séduite par ce roman. Comme pour La vie sur Mars ou Il est des nôtres, je suis totalement passée à côté des personnages que nous soumet l'auteur.
Je pense qu'il y a deux univers chez Laurent Graff, et je suis décidément plus attirée par celui qu'il nous propose dans Le cri, Les jours heureux ou Il ne vous reste qu’une seule photo à prendre. Je vous proposerai d'ailleurs d'ici quelques temps ma lecture de son dernier roman à la suite du billet de Dédale. Ce qui me rassure, c'est que ce sont ses dernières oeuvres avec lesquelles j'accroche réellement. Je pense donc que je me plongerai avec plaisir dans les nouveaux romans que cet auteur publiera.

Lire aussi l'avis d'Hervé

Également sur le site, notre interview de Laurent Graff.
Du même auteur : Il ne vous reste qu’une seule photo à prendre, Le cri, La vie sur Mars, Il est des nôtres, Les jours heureux, Selon toute vraisemblance

Laurence

Extrait :

J'y habite depuis quatre ans maintenant. C'est à peine si je suis installé. Je dors sur un matelas posé à même le sol dans la chambre. Le reste du mobilier consiste en une armoire-penderie en plastique à glissière, une table, deux chaises et quelques appareils électroménagers usuels. Ça suffit. À quoi bon posséder plus, si je dois partir.
J'ai laissé les murs tels qu'ils étaient à mon arrivée, immaculés et vierges de toutes photos, tableaux ou bibelots; je n'ai rien accroché. Je me refuse à choisir une image, si aléatoire soit-elle, un objet plutôt qu'un autre pour agrémenter mes murs. Je répugne à faire des trous, aussi.
Ma valise a tout de suite apporté un supplément, une touche de couleur et un air de départ. Sa présence dans la chambre, au pied du mur, fait plaisir, réconforte. Ce n'est pas encore le billet d'avion, mais on s'en rapproche. Je la contemple depuis mon lit, fort de la promesse de voyage qu'elle incarne : allez, Patrick, tu tiens le bon bout ! Je me sens en joie, presque excité. L'après-midi se passe ainsi. À dix-huit heures, je commence à me préparer doucement, la tête ailleurs, un peu parti.

couverture
Éditions J'ai lu- 119 pages