Quand Crace engage Adam, il met tout de suite au clair les conditions de son emploi : il lui est strictement interdit de poser des questions sur le passé de son hôte, et il ne doit pas quitter le palazzo sans autorisation. Adam accepte de bon coeur, car il voit là la source d'inspiration de son roman. Mais bien vite, Adam trouve le vieil écrivain de plus en plus mystérieux... Pourquoi n'a-t-il jamais réécrit et pour quelles raisons refuse-t-il les demandes de biographie?
Jusqu'au jour où il trouve dans les papiers du vieil homme une lettre de menace...
Commence alors pour Adam une quête de la vérité, à l'insu bien évidemment du maître des lieux. Cette quête le ramènera en Angleterre où tout a commencé.
Mais qui de Crace ou Adam a le plus à cacher et à perdre?

Andrew Wilson, dont c'est le premier roman, parvient dès les premières pages à ferrer son lecteur. Au début attendri par le personnage-narrateur Adam, le lecteur le suit avec bienveillance. Le palazzo et son propriétaire font froid dans le dos; la poussière accumulée semble protéger un terrible secret et l'ambiance est rapidement oppressante.
Et puis, on commence à douter. Qui est vraiment Adam? Quels actes a-t-il commis avant de partir pour l'Italie? Crace n'est-il tout simplement pas une victime?
Même si le style n'a rien de remarquable (comme c'est souvent le cas dans ce genre de littérature), le rythme est suffisamment soutenu pour vous plonger littéralement dans cette intrigue machiavélique du jeu du chat et de la souris.
Andrew Wilson a écrit en 2004 une biographie de Patricia Highsmith, et l'on sent effectivement une certaine parenté d'écriture. Un premier essai tout à fait réussi puisque j'ai lu ce roman d'un traite et me suis laissée piéger par la langue du mensonge.

Extrait :

"Mr. Woods, je suis très à cheval sur ma vie privée. Comme vous l'avez sûrement déjà compris, ce que vous voyez entre ces murs ne doit pas aller au-delà. Non que j'aie quoi que ce soit à cacher, mais vous devez me jurer une discrétion absolue. Si je découvre que vous avez confié à qui que ce soit un détail aussi anodin que, mettons, ce que j'ai mangé au petit déjeuner ou la quantité de lait que j'ai mise dans mon café du matin, je vous demanderai de partir. Et dans l'instant. Je ne pourrais vraiment pas le supporter." Il s'interrompit. "Vous avez des questions Mr. Woods?"
- Puis-je vous demander quelles sont les conditions, les horaires et...
- Où avais-je la tête ! J'aurais déjà dû vous en parler. Votre service consisterait à me préparer le petit déjeuner et assurer le ravitaillement. J'ai quelques bonnes bouteilles en réserve, mais je préfère les garder pour les grandes occasions. Je vous demanderais de me préparer un déjeuner et un dîner légers - ne vous inquiétez pas, j'ai un petit appétit, donc cela ne devrait pas poser trop de problèmes - et de vous acquitter de deux ou trois autres tâches au jour le jour. Vous auriez votre chambre, que je vais vous montrer, et assez de temps libre, dans les limites du raisonnable, pour faire ce que vous voulez pendant vos loisirs. Mais seulement ici, dans ce palazzo. C'est un point important, car je ne supporte pas d'être seul.

couverture
Éditions Albin Michel - 296 pages