Ici, Sonia Delzongle nous propose de suivre pendant 24 heures, Sacha, un jeune Serbe, dans le conflit qui opposa les siens aux Croates.
Dans les ruines d'une ville yougoslave, son arme à la main, Sacha tire sur des ennemis souvent invisibles, sans vraiment comprendre pourquoi. Il se souvient de ce temps, pas si lointains, où toutes les communautés vivaient en bonne intelligence. C'était l'époque où sa mère se levait aux aurores pour leur préparer ses poivrons grillés.

Sonia Delzongle a choisi une écriture très épurée pour mettre en exergue cette violence incompréhensible pour les acteurs même de ce conflit. Elle alterne entre l'horreur de la guerre et la douceur des souvenirs.
Ce récit se lit effectivement très vite, trop peut-être...
Un tel sujet aurait peut-être mérité un traitement plus approfondi, une histoire plus longue. En l'état, bien qu'ayant aimé la narration, j'ai eu l'impression de survoler un récit qui avait le potentiel de réellement m'émouvoir et me marquer.

Du même auteur : Le hameau des Purs, À titre posthume

Laurence

Extrait :

Une balle me siffla à l'oreille, m'avertissant de l'imminence du danger si je ne restais pas vigilant. Empoignant mon revolver, je ripostai aussitôt par une rafale de balles au hasard dans l'ombre d'une maison. Une plainte étouffée, qu'un vent sinistre m'apporta sans discrétion, me signala que je venais de toucher ma cible. Je fis quelques pas prudemment en direction du cri. Je vis un corps inanimé au sol dans les débris de verre et de métal rouillé. Son sang s'échappait de lui en même temps que sa vie. La cible était neutralisée. Je m'approchai encore un peu et fis un bond en arrière, saisi d'effroi.
Ma victime avait tout au plus seize ans et portait un uniforme serbe dont le symbole était l'aigle royal. Subterfuge ou erreur fatale? C'était le double visage de cette guerre. Son aspect hideux, absurde, dérisoire. Tuer ne signifiait plus rien. Si tant est que cela eût un sens. Et j'étais pourtant là, un sniper. Le tireur de l'ombre dont la tâche était de nettoyer la ville de ses derniers fantômes.

couverture
Éditions Jacques André - 52 pages