Pour moi, ce roman est grand coup de cœur. C’est une véritable épopée historique, une saga familiale magnifique. Après avoir fini de lire le livre, je me suis demandée pourquoi j’avais été si emballée par ce roman. Est-ce à cause des personnages, du style irrésistible de l’auteur, du sujet, des émotions présentes partout et tout le temps dans le roman ? Je pense que c’est un peu tout cela qui m’a séduite. Tous les ingrédients sont réunis pour aboutir à un excellent roman : un sujet passionnant (la construction des cathédrales), une époque lointaine qui intéresse beaucoup de monde (le Moyen-âge), des sentiments et des valeurs intemporels, auxquels vient s’ajouter le talent incontestable de l’écrivain. Chaque lecture est un plaisir renouvelé. Pendant plus de 1000 pages, je vis et je vibre avec les personnages, je pleure avec eux, j’espère avec eux. Je me laisse emporter par cette époque fascinante, décrite d’une main de maître par un auteur de talent. Je me laisse emporter par l’histoire, mais aussi par l’Histoire, avec un grand H. Chaque page laisse entrevoir la minutie des recherches de l’auteur, chaque page nous séduit par le style prenant, jamais ennuyeux.

Les personnages sont certes un peu stéréotypés. Il y a le jeune homme talentueux, dont on a du mal à reconnaître le talent à cause de son âge, il y a la femme forte qui refuse l’ordre établi et bouscule les mentalités, il y a l’homme d’église qui, par sa bonté et sa générosité, est aimé de tous. Il y a aussi l’homme barbare au possible, violent et assoiffé de pouvoir, l’intrigante prête à manipuler jusqu’à son propre fils pour arriver à ses fins. Et l’homme d’église véreux. Et puis, tous ces gens connaissent vraiment beaucoup de malheurs, presque trop, mais tout cela ne gêne pas du tout la lecture car le résultat est époustouflant. Je me suis attachée notamment à Aliéna, une femme forte qui ne se laisse jamais abattre. Jamais elle n’accepte son sort. Jamais elle ne baisse les bras. Elle se bat sans cesse pour vivre et progresser, pour changer les choses. Pour récupérer l’homme de sa vie, pour récupérer son commerce, pour sauver son frère. C’est une femme forte. Très forte.

C’est donc un fait avéré, Ken Follet est un excellent écrivain. J’ai lu plusieurs romans de lui et pas une seule fois je n’ai été déçue. Ses romans sont toujours passionnants, fouillés, très réalistes. Et même s’il écrit plutôt des romans d’espionnage en général, il s’est également fait un nom dans le roman historique avec quelques titres qui ont connu un succès certain, tels que Les Piliers de la Terre, dont la suite, World Without End, est sortie en anglais en fin d’année dernière (un autre chef d’œuvre à mon sens) et qui sortira en français sous le nom Un Monde sans fin à l’automne, mais également Le Pays de la liberté ou La Marque de Windfield. Un auteur que vous pouvez choisir les yeux fermés. Chaque roman est un succès et le succès est bien mérité, croyez-moi.

Du même auteur : World without end (Un monde sans fin)

Pimpi


Voici un roman dont la critique de Pimpi m'avait donné envie.
Et maintenant que je l'ai fini, je ne peux que joindre ma voix au chœur de louanges qui s'élève.

D'ailleurs, plus qu'un roman, c'est une véritable fresque que signe cet auteur dont c'est ma première lecture. Pour le coup, je ne suis absolument pas déçu.
Je suis dans mon élément, je retrouve un monde que j'aime, qui me fascine. Le Moyen Âge. Même si ma période de prédilection est plutôt le XIVème siècle, je suis en territoire connu.

L'ambiance générale du roman donne tout à fait le ton. Une époque dure, marquée par les conflits et les difficultés, tant financières que médicales. Une époque où les frontières se créent avec le sang des hommes pour le plus grand bonheur des rois et des seigneurs. Si on y réfléchit, tout part de là. Un homme innocent, un complot, des trahisons. Le quotidien.

Et une histoire d'amour qui sous-tend le roman comme un fil directeur, un leitmotiv qui revient encore et encore. Car tout n'est pas forcément sombre, dans cette période que les anglais appellent sans complexe The Dark Age. Il y a aussi des moments de joie, de pur bonheur. Et encore une fois ces moments sont très bien dépeints, avec leur lot de conséquence dans un monde d'incompréhension, plein de bruit et de fureur...

J'ai suivi avec passion l'histoire de Jack et d'Aliéna, de Thom et Ellen, de Philip et Jonathan, souriant lors des passages de bonheur, luttant contre la colère quand le destin s'acharne sur eux. Régulièrement me prenait une furieuse envie de baffer ce William, brute sanguinaire et sans cervelle, même pas un archétype du barbare. Un homme dont le seul but dans la vie est de faire le mal. Et que dire de ces hommes d'église corrompu ? Un Waleran Bigod ou un Peter de Wareham ? Si ce n'est que c'est une bien triste réalité. J'ai, au passage, relevé la lucidité de Jack sur pas mal de sujets, notamment sur l'église : « Il se demandait parfois comment des hommes comme Jonathan pouvaient continuer à croire à une Église tellement corrompue ». C'est tellement vrai...

Enfin, un mot sur le livre en soi. C'est un vrai pavé, pas de doute. Cependant c'est une tel plaisir de lecture que les pages défilent. Malgré mes fréquentes pauses pour laisser la priorité à d'autres lectures, c'est avec plaisir que je l'ai repris chaque fois. L'épaisseur ne doit pas être un frein, comme c'est trop souvent le cas. Certes, il peut servir de presse livre par la suite ;) Mais ce serait dommage de passer à côté d'une telle œuvre.

Par Cœur de chene
le 19 octobre 2008


Éditions Le Livre de Poche - 1 150 pages
Traduit de l’anglais par Jean Rosenthal (livre lu en anglais)