Qui ne connaît pas l'histoire? Peu de monde sûrement... Mais dans le doute, et puisqu'il s'agit ici de faire une recension du roman, voici donc un résumé :

Rosemary et son mari Guy viennent d'apprendre qu'un logement se libère au Bradford. Cela fait des années qu'ils rêvent d'habiter cet immeuble de haut standing et n'hésitent donc que très peu de temps avant de confirmer leur emménagement. Et même si Hutch, le père spirituel de Rosemary, tente de les en dissuader avec des histoires sinistres de malédictions, rien ne semble ébranler leur bonheur. Pourtant, les anecdotes de Hutch auraient dû les faire frémir : depuis que le bâtiment a été construit, on ne compte plus le nombre de morts suspectes... Entre les sœurs Trench qui mangeaient les petits enfants ou Adrian Marcato qui s'adonnait à la sorcellerie, le lieu a de quoi inquiéter le plus téméraire des habitants. D'autant que quelques semaines après leur installation, Anna Maria Alberghetti se défenêstre alors que tout semblait aller bien pour la jeune fille.

Heureusement, Rosemary et Guy se lient rapidement d'amitié pour leurs voisins de pallier, les Castevet. Ceux-ci se montrent extrêmement présents et attentifs aux désirs du jeune couple. La carrière d'acteur de Guy prend un nouvel essor, les contrats s'enchaînent comme par miracle, et quand quelques mois plus tard, Rosemary annonce qu'elle est enceinte, les Castevet se plient en quatre pour que la grossesse de passe au mieux.

Tout irait donc très bien, si parallèlement à cela, il n'y avait pas d'étranges coïncidences... Les cauchemars très violents de Rosemary; l'odeur que dégage le porte bonheur que lui ont offert les Castevet; la cécité soudaine du principal concurrent de Guy; les douleurs insoutenables des premiers mois de grossesse.... Mais que se passe-t-il exactement au Bradford?

J'ai retrouvé l'ambiance si particulière du film et je me rends compte à présent que l'adaptation de Roman Polansky est une vraie réussite. Tout au long du roman, on sent les sueurs froides nous couler dans le dos, on devine l'horreur de la situation, tout en subissant notre impuissance à changer le cours du destin. La grossesse de Rosemary, si elle est au centre du récit, explique également les réactions de la jeune femme. C'est une période de bouleversement pendant laquelle on cherche des appuis et des réponses et où l'entourage prend une place capitale. Rosemary manque de recul, c'est son premier enfantement, elle n'a donc aucun point de comparaison, et cela lui sera fatal....

Par contre, le roman est bien plus explicite sur le "pourquoi du comment" et à ce titre le personnage de Guy est bien plus trouble que dans le film. De même, la dernière scène décrit ce qui était suggéré par Roman Polansky. Sur ce dernier point, c'est une des libertés que peut se permettre la littérature, car aussi précise que soit la description, elle laisse l'imaginaire totalement libre de construire son univers, ce que ne pourront jamais faire les images.

Du même auteur : Un bonheur insoutenable.

Laurence

Extrait :

Rosemary ne se souvenait des sinistres avertissement de Hutch que lorsqu'elle descendait au sous-sol pour faire la lessive, environ tous les quatre jours, et cela la mettait mal à l'aise. L'ascenseur de service était déjà peu rassurant (petit, sujet à des grincements et à des secousses inattendues, et sans liftier pour le manœuvrer), et le sous-sol lui-même était un endroit peu engageant, avec ses couloirs de brique au badigeon écaillé, au bout desquels on entendait s'éloigner des bruits de pas étouffés, où des portes qu'on ne voyait pas se refermaient brusquement avec un bruit sourd, et où de vieux réfrigérateurs au rebut tournaient leur porte contre le mur sous des ampoules électriques à l'éclat brutal derrière leurs muselières de grillage.
C'était là, se rappelait Rosemary, qu'on avait trouvé, il n'y avait pas si longtemps, le cadavre d'un nouveau né enveloppé dans un journal. L'enfant de qui était-ce? Et comment était-il mort? Qui l'avait découvert? La personne qui l'avait abandonné avait-elle été arrêtée, et condamnée?


Éditions J'ai Lu - 314 pages