Il n'y a pas vraiment d'histoire à résumer, il s'agit d'un recueil d'impressions s'étendant sur quelques annèes. A priori, je n'avais pas très envie d'y plonger. J'avais beaucoup lu dans les derniers mois quant à la perte de repères des hommes québécois et c'est vrai que, bof... Mais je dois avouer qu'ici on est ailleurs. S'il y a quelque chose qui ne cloche pas avec Fred Dompierre, c'est qu'il ne semble pas avoir trop de mal à rencontrer des femmes et à s'y attacher. A part cela, tout va mal... Chroniques d'un immense mal de vivre. Et il n'y a ni réel début, ni réel fin à ce récit. Ne cherchez pas de rédemption... si, peut-être un peu dans le cynisme qui, en faisant rire, sauve parfois un peu la vie.

J'avais lu que la structure était celle d'un journal. Pour ma part, j'ai tout de suite pensé au blogue: ici je raconte mon mal de vivre, là je m'étends sur l'abracadabrante soirée de la veille, le lendemain je gueule un peu contre les Etats-Unis ou le Dr Chicoine (HI-LA-RANT).

C'est bien écrit, parfois touchant, parfois drôle. Parfois lassant aussi. Souvent triste (et moi qui craque toujours pour les hommes tristes, ben, voilà, j'ai été touchée...). Je me suis quand même posée quelques questions, malgré mon émotion, sur la pertinence de publier un tel récit à la fois universel mais finalement assez banal... je n'ai pas trouvé de réponses.

Critique formelle: il y a ici et là des sauts temporels dans la narration du récit qui m'ont agacés. La majorité du temps il semble écrire après les événements comme dans un journal et, soudain, on tombe au présent comme s'il écrivait sur le champ... Par exemple, en page 124, il n'est pas clair si le récit qui nous est conté est au présent ou au passé. La fille "s'appelait Jackie" et "avant que Jackie et moi n'allions nous allonger, elle a pris le temps...". Mais deux lignes plus loin l'auteur écrit parlant de la même situation: "Je suis bourré... et il y a, devant moi, une fille...". Alors elle s'appelait mais elle est encore là quoi...

Ce livre est un premier ouvrage québécois et a été lu dans le cadre de la catégorie 'Repêchage' du site La Recrue du mois.

Du même auteur : Jeunauteur Tome 1 : souffrir pour écrire

Par Catherine

Extrait :

Migouag me sauve régulièrement la vie et, quand je le regarde dans les yeux, il sait que je sais qu'il me sauve la vie, et c'est tendancieux parce que ça fausse un peu nos rapports. Maintenant, ses vieux reins ne filtrent plus les toxines, et pour nettoyer son sang, je dois régulièrement lui administrer du soluté avec une aiguille que j'introduis dans la peau molle derrière son épaule. À ce moment-là, il ronronne un peu moins et je m'en fous parce que je m'acharne, moi aussi, à lui sauver la vie comme le con de dépendant de mon chat que je suis. À mon avis, la nature se serait déjà chargée de lui, mais Dieu merci, je suis là, donc, fuck la nature et ses sales manies.

Je crois que quand Migouag va mourir, je vais aussi mourir un peu, et c'est ce qui est étrange avec la mort des autres, même avec celle des chats. Elle réussit toujours à nous faire mourir un peu, et quand on meurt vieux, et qu'on a vu plein de gens mourir autour de nous, on est déjà presque mort de la mort des autres. 


Boréal - 271 pages