Tom Guthrie enseigne l'histoire américaine au lycée du coin. Il s'occupe aussi de ces deux enfants - Ike et Bobby - en cherchant à protéger sa petite famille de la dépression chronique dans laquelle sombre sa femme.

Victoria Roubideaux a 17 ans. Quand elle est réveillée un matin par d'affreuses nausées, il lui devient difficile de cacher ce dont elle se doutait déjà: elle est enceinte. Sa mère en prenant acte avec violence et colère, Victoria se retrouve seule dans une ville où les rumeurs courent rapidement et où le conservatisme apparent se dispute avec les démons des uns et des autres.

Quelques anges traversent la vie de ces deux pôles du roman: Maggie Jones, une autre enseignante du lycée, et les frères MacPheron, deux vieux garçons qui ne se sont jamais séparés et dont les manières rustres cachent le plus grand des coeurs.

Avertissement: comme souvent dans les cas où les dialogues font très "couleur locale" la traduction laisse à désirer. Cela passé, le récit est intéressant et surtout les personnages sont particulièrement crédibles et attachants.

Ce récit dit beaucoup sur les contradictions de ce qu'on appelle souvent l'Amérique profonde. J'ai particulièrement aimé l'absence de complaisance quant à la violence de la vie de fermier. Attention âme sensible: ici on inspecte des génisses et on autopsie un cheval mort étrangement. Et aucun détail n'est laissé en plan: la merde, le sang, les viscères... Inutile? Non, ça contribue justement à cette impression réaliste d'une vie difficile où la survie dépend de la terre, mais aussi d'une solidarité sans faille.

Il y a beaucoup d'humour aussi, un humour attachant, dans cette façon dont les uns et les autres, dans une démarche intergénérationel, apprennent à s'aimer.

Par Catherine

Extrait :

L'air du soir n'était pas encore froid quand la fille quitta le café. Mais il devenait aigre, répandant un sentiment automnal de solitude. Quelque chose d'indicible suspendu dans l'air. Elle quitta le centre, traversant les voies, et continua vers chez elle dans l'obscurité grandissante. Les gros globes avaient déjà frémi au coin des rues, leurs lumières bleues étalaient maintenant des flaques plates sur les trottoirs et la chaussée, et devant les maisons les lampes des porches, accrochées au-dessus des portes closes, avaient été allumées. Elle tourna dans la maigre rue qui passait devant les maisons basses et arriva dans la sienne. La maison semblait anormalement sombre et silencieuse.

Elle essaya la porte, mais elle était verrouillée. M'man? dit-elle. Elle frappa une fois. M'man?


10/18 - 317 pages