Tout au long de sa jeunesse, il reviendra la voir, régulièrement. Mais ce n’est jamais le même Henry qui revient. Parfois plus jeune, parfois plus vieux, il la prépare à la vie qu’elle va mener, l’éduque, en quelque sorte, mais sans jamais rien lui dire qui puisse influencer ses décisions, jamais rien de précis. Et pourtant, elle insiste ! Mais la vie se chargera de les mettre sur le même chemin en temps et en heure, lui dit Henry.
Clare a 20 ans quand elle rencontre Henry « pour de vrai ». Il en a alors 28 et il ne la connaît pas. Les rôles sont alors inversés. C’est elle qui « l’éduque », qui lui explique ce qui va se passer, qui lui explique comment elle a connu son futur lui. Peu de temps après, ils se marient (un mariage atypique, il faut bien l’avouer). Mais vivre ensemble est difficile. A cause de sa maladie, Henry est tout le temps parti et Clare passe le reste de sa vie à l’attendre, en ayant peur pour lui et pour sa vie.

Ce livre a reçu un accueil assez très intéressant, car il n’a laissé personne indifférent. On l’a aimé ou on l’a détesté. On s’est senti emportés ou complètement froids. On y a cru, ou pas du tout. Et je pense que cela n’étonnera personne si je dis que je fais parti de la catégorie des lectrices qui ont adoré.
Ma lecture de ce livre remonte à plus d’un an (un an et demi, pour être précise). Mon billet ne sera donc pas forcément aussi précis et étoffé que si je venais de lire le livre. Il sera en fait surtout question de ce qu’il m’en reste après 18 mois… mais n’est-ce pas également important, ce qu’il reste d’un livre longtemps après sa lecture ?

Commençons par une petite présentation. Le résumé est clair sur ce point, il s’agit d’une histoire d’amour, assez atypique, convenons-en, et pas toujours facile à suivre. L’une des moitiés, en l’occurrence la moitié masculine du couple, a un tout petit problème de stabilité temporelle et voyage dans le temps contre sa volonté. Sauf que ce n’est pas du voyage touristique… quand il quitte son époque, il ne sait jamais où il va atterrir, ni à quelle époque (ce qui le met souvent dans des situations délicates, voire dangereuses) et il ne peut rien emporter avec lui (entendez par là qu’il atterrit dans l’autre époque nu…). Pas facile à vivre pour Madame, n’est-ce pas ?
Le roman est présenté des deux points de vue. Celui de Clare et celui de Henry, alternativement. A l’image d’un journal intime à quatre mains, chaque narrateur y raconte sa vie et ses impressions. Le lecteur n’a aucune difficulté à entrer dans la tête de Clare et de Henry, et ça a été, pour moi, une des raisons qui ont fait que j’ai pu me laisser aussi totalement emporter par ce roman et cette histoire. Pour des raisons de clarté, outre la date, chaque « entrée » indique l’âge de Clare et de Henry, ce qui permet surtout de resituer Henry et de savoir duquel on parle, si je puis dire.

J’ai trouvé ce roman tout simplement magnifique. Une lecture intense, riche en émotions, qui m’a fait sourire, rire, pleurer. Pour tout dire, la fin surtout m’a laissée la gorge nouée, longtemps après avoir refermé le livre. J’ai été surtout touchée par le personnage de Clare. Elle endure tout, les absences d’Henry, la peur de ne jamais le voir revenir, celle de le voir revenir blessé, l’attente. Le manque dans les moments les plus forts. Elle endure tout cela car elle l’aime. Elle souffre en silence. Jamais elle ne lui reprochera ses absences, je crois.

Après plus d’un an, même si j’ai oublié une partie de l’histoire, il me reste de ce livre le souvenir de toute une palette d’émotions, des larmes, surtout, et le cœur qui bat très fort. Après plus d’un an, il me reste aussi la question que pose ce livre : comment vivrait-on notre vie si on la connaissait à l’avance ? Que ferions-nous si nous connaissions exactement les circonstances de notre mort ?

Une lecture qui a été bouleversante pour moi. Un livre que j’ai maintenant très envie de relire…

Pimpi

Extrait :

 It’s hard being left behind. I wait for Henry, not knowing where he is, wondering if he is okay. It’s hard to be the one who stays.
I keep myself busy. Time goes out faster that way.
I go to sleep alone, and wake up alone. I take walks. I work until I’m tired. I watch the wind play with the trash that’s been under the snow all winter. Everything seems simple until you think about it. Why is love intensified by absence?
Long ago, men went to sea, and women waited for them, standing on the edge of the water, scanning the horizon for the tiny ship. Now, I wait for Henry. He vanishes unwillingly, without warning. I wait for him. Each moment that I wait feels like a year, an eternity. Each moment is as slow and transparent as glass. Through each moment I can see infinite moments lined up, waiting. Why has he gone where I cannot follow?


Éditions J'ai Lu - 521 pages