C'est au mélange de tout cela que nous convie Alain Farah dans son premier ouvrage, à la fois intelligent, indescriptible et, disons-le, à la frontière de l'étrange et de l'absurde. Il s'agit d'une espère de mise en abîme de l'autofiction, comme si on entendait l'auteur dire: "Je ne me crois pas tout à fait assez intéressant pour vous compter ma vie, mais cette vie est définitivement assez intéressante pour fournir la matière brut au récit." Des souvenirs épars deviennent donc la trame de cette étrange et abstraite enquête.

Pour être honnête, au départ, je n'ai rien compris. Peut-être d'ailleurs que j'ai continué à n'y rien comprendre. Mais au fil des pages je me suis laissée bercer par cet imaginaire et cette voix surtout. Parce qu'il y a une voix réelle chez cet auteur, une vois brillante et cultivée, poétique aussi.

À conseiller donc, aux lecteurs qui acceptent de se laisser déstabiliser, aux fans de David Lynch et aux curieux.

Catherine

La Recrue du mois est une initiative collective qui met en vedette le premier ouvrage d’un auteur québécois. Pour lire les autres commentaires sur ce livre vous pouvez donc vous rendre sur le site de La recrue du mois

Extrait :

Merci, Mademoiselle (elle semble soufflée).

Vous ferez fortune dans la glose. Observation:

La lectrice est vide, mais j'aime ses bottes. 

Mettre cette phrase dans le dossier lilas, avant d'amener la lectrice à me demander:

Comment décrieriez-vous votre technique?

Eh bien, Mademoiselle, je concentre mes idées avec beaucoup de pression, et je les éjecte à très grande distance. Je comprime mon vécu pour disséminer dans chaque phrase la force d'une vie.

Et quels résultats sont ainsi escomptés?

Je travaille à faire sentir la brise fraîche, Mademoiselle, celle qui caresse les visages quand on se détend sur un yacht, lorsque l'ambiance est décontractée, qu'on écoute le murmure de la brise sur les vagues.


Éditions Le Quartanier - 209 pages