Des joies et des déceptions...

Ce soir, la classe de Terminale L du Vigan a donné rendez-vous aux parents, enseignants et usagers de la médiathèque pour célébrer la fin de ce Goncourt. Durant la soirée, ils annonceront bien sûr le résultat national, mais également leurs propres lauréats. Comme vous le savez si vous avez lu le compte rendu du conclave, Le Club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia était dans le trio de tête des Viganais, et pour tout vous dire, il ne lui a manqué qu'une voix pour obtenir la première place de leur classement. Il y aura bien sûr quelques déceptions, mais je pense que dans l'ensemble la classe sera heureuse de ce résultat. Mais avant même aujourd'hui, certains d'entre eux avaient ouvert un débat intéressant sur l'organisation de ce prix ; débat dont je vais faire état ici, en y ajoutant mon grain de sel…

14 romans en 8 semaines, une douce utopie ?

En suivant la classe de Terminale L du Vigan, j'avais bien conscience qu'elle n'était pas représentative de l'ensemble des 52 classes participant cette année au Goncourt des Lycéens. En effet, il n'y avait que 2 classes de TL, une grande majorité de seconde ou de première L, et quelques classes techniques et professionnelles.
Comme je l'avais expliqué dans un précédent épisode, les TL du Vigan sont ce qu'on appelle de gros lecteurs, et deux-tiers d'entre-eux s'étaient fixé comme objectif de lire l'intégralité de la sélection. Or, sur les 18 élèves, seuls deux élèves ont finalement réussi cet exploit, et cinq ou six autres ont lu entre 9 et 12 romans. Si je parle d'exploit, je le fais en toute connaissance de cause : imaginez-vous que ces élèves ont dû, en plus de leur cours, leurs devoirs, leurs activités extra-scolaires, etc. lire jusqu'à deux romans par semaine pour pouvoir finir dans les temps. Si certains romans étaient brefs et relativement simples dans l'écriture, d'autres étaient bien plus difficiles à appréhender (je pourrais citer par exemple le roman de Marie Ndiaye), et deux romans de la sélection faisaient plus de 600 pages. Combien parmi nous auraient réussi le même exploit ? Et combien d'élèves, sur toute les classes participant au Goncourt des Lycéens, ont réellement lu l'intégralité de la sélection ?

Bien sûr, il n'a jamais été question de lire tous les romans, et dans chaque classe, on s'est réparti les ouvrages, on a discuté, échangé, débattu pour connaître les avis des uns et des autres et se fonder sa propre opinion. Mais au final, ne donne-t-on pas l'avantage aux romans plus simples d'accès et qui auront donc été lus par le plus grand nombre ? Ou pire, vu les modalités de vote, ne pourrait-on pas se retrouver dans le cas d'un roman lauréat qui n'aurait été réellement lu que par une minorité des lycéens ayant participé à ce prix ? Étrange paradoxe vous avouerez…

Ne serait-il pas alors plus pertinent d'offrir aux lycéens le temps de lire la sélection dans de bonnes conditions ? D'autant que les résultats du Goncourt et du Goncourt des Lycéens ne sont pas concomitants. Le lauréat du Goncourt des Lycéens aurait alors d'autant plus de valeur que chaque lycéens aurait pu lire et comparer l'ensemble de la sélection et élire son lauréat en toute connaissance de cause.

Mais une utopie motivante et exaltante

Ce qui est certains, c'est que la majorité des lycéens ayant participé à ce Prix Goncourt des Lycéens 2009 ont conscience de la chance qui leur a été donnée et garderont un très bon souvenir de l'expérience. Car au-delà de la lecture effective des romans, ils ont tous pu échanger et débattre autour de la littérature pendant 14 semaines, dans un cadre assez éloigné des cours de lettres. Ils sont allés à la rencontre des auteurs, ont fait la connaissance d'autres élèves pris dans la même tourmente qu'eux, ont pris fait et cause pour leur roman favori, l'ont défendu contre vents et marées...

Toute cette énergie, cet enthousiasme mis au service du livre et de la lecture, voilà qui fera taire les mécontents et remettra quelques pendules à l'heure : oui, nos lycéens aiment lire et sont capables de se fédérer autour d'un projet commun pour élire leur roman préféré. N'est-ce pas là le plus important ?

Laurence

Les épisodes précédents :
1. La rencontre régionale avec les auteurs
2. À la rencontre des lycéens du Vigan
3. Les lycéens du Vigan en conclave