Vacarme dans la salle de bal, paru en 1998, est le premier roman de François Vallejo. Si on n'y trouve pas encore les effets de style qui caractérisent aujourd'hui son écriture, il est déjà possible de noter dans cet ouvrage une intrigue tout à fait palpitante, et qui frise l'absurde. Le point de départ, des nuisances sonores de la part d'un voisin, sont banales, mais entraînent rapidement Géo et son épouse dans un monde qui leur est inconnu. Ils font la connaissance de Mr Émile, envers lequel ils ont d'ailleurs des jugements assez différents. Si Célestine fait preuve de beaucoup d'indulgence, Géo cherche lui à découvrir le secret de ce danseur invétéré et boiteux.

En voulant entrer dans son univers, il met d'ailleurs le pied dans un monde qu'il ne soupçonnait pas, que les apparences et les préjugés lui cachaient. Celui de ces hommes qui, comme Émile, font la queue devant les boulangeries pour ramasser les invendus (ce qui donne lieu à une magnifique scène nocturne dans les rues désertes, ou presque, du Havre). Celui de cet homme, qui malgré son physique ingrat, fut un danseur réputé, et qui se laisse encore dévorer par sa passion dans les salles de bal où il met les pieds.

Vacarme dans la salle de bal est un très bon roman, touchant et intrigant, mais surtout humain. Un très bon premier opus de François Vallejo, qui mérite vraiment d'être découvert.

Du même auteur : Métamorphoses, Le voyage des grands hommes, Groom, Ouest, Madame Angeloso, L'incendie du Chiado, Les sœurs Brelan
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Yohan

Extrait :

Lui ai-je dit bonjour, durant ces premiers jours ? Deux fois peut-être, une fois sans doute ; je ne sache pas qu’il ait répondu à mon salut. Que je sois un locataire de fraîche date explique-t-il qu’il fuie si obstinément mon regard ? Qu’il me donne l’impression d’être hostile quoi qu’il arrive ? Nous pourrions nous ignorer, comme bien des voisins au monde, mais un petit rien établit un lien entre nous, un lien ténu et flou, intermittent, mais déjà plus lourd et plus douloureux à l’épiderme que des chaînes : dès que nous nous enfermons, lui dans sa taupinière, moi dans mon entresol, et que nous séparent seulement lui son plafond, moi mon parquet, ce petit rien entre nous, c’est son grand boucan. Ça barde tout de suite. Voici que du fond de la crypte sur laquelle je m’apprêtais à bâtir avec Célestine une cathédrale de paix vouée au recueillement voluptueux et à la musique de chambre, s’élève un sabbat de bal musette.


Vacarme dans la salle de bal de François Vallejo - Éditions Viviane Hamy - 160 pages