Depuis la défaite de la Lumière, les Sages d'Auristelle envoient une compagnie de cinq jeunes gens tous les cinq ans hors des murs de la Cité.
Ces bannis n'ont qu'une seule mission : Trouver et ramener à Auristelle l'Étoile du Matin. Ou ne pas revenir.
Spérance est la Guide. A elle incombe la tâche de mener son groupe à travers les lignes ennemies, de les sauvegarder du danger et également de compiler les informations pour retrouver l'Étoile du Matin.
Ils comptent tous sur elle. Mais elle, sur qui peut-elle compter dans ce monde maudit ?

Dehors les chiens, les infidèles est le troisième roman de l'auteur française Maïa Mazaurette.
Dans un univers fortement médiéval, les Ténèbres sont tombées et envahissent le monde. Le soleil n'est plus qu'une légende et l'air vicié amène la mort et la corruption des chairs. L'homme est en proie à la dégénérescence et aux malformations. Le seul espoir est de retrouver l'Étoile du Matin, un artefact légendaire dont la perte coïncide avec la venue des Ténèbres.

Un monde mourant, un avenir improbable reposant entièrement sur les épaules de jeunes d'une quinzaine d'années. C'est un univers sans concessions et sans espoir que nous dépeint l'auteur. Coutumière des attitudes qui dérangent, aimant volontiers donner un coup de pied dans la fourmilière, Maïa Mazaurette nous entraîne sur le sujet délicat de la religion et de ses dérives fondamentalistes. L'endoctrinement et l'aveuglement comme seul moteur d'une société décadente et vouée à disparaître si elle ne peut se renouveler.

Le récit de la Quête de la compagnie de Spérance est amené de telle manière que le lecteur est scotché à l'ouvrage. Il se créé presque un état de dépendance qui nécessite de tourner les pages de plus en plus vite jusqu'à ce qu'il n'y en ai plus. L'histoire prend aux tripes (qu'il faut avoir bien accrochées à certains endroits) et les personnages ne laissent pas indifférents. On est touché par leur histoire, par leur volonté et les difficultés qu'ils doivent affronter. Seuls dans un monde cruel et sans loi, il leur faut surpasser bien plus que du dégoût et parfois même devenir comme leurs ennemis, des êtres sanguinaires.

C'est un roman à ne pas mettre entre toutes les mains. A cause de la violence, à cause du réalisme, à cause de la critique de la religion et de la société. Parce que ce n'est pas si fictif que ça pourrait en avoir l'air…
Mais c'est un roman à lire aussi pour toutes ces raisons. Et parce qu'il y a une chose qui rayonne malgré tout, toujours, quelles que soient les difficultés ou la noirceur du monde. L'Amour.

Cœurdechene

Extrait :

Spérance rit à son tour. Loin à l'Est, derrière l'Occident Noir, la lueur du jour avait atteint son maximum. Le ciel garderait cette couleur marron-grise toute la journée, puis retournerait au noir. Jamais de soleil, jamais de lune ou d'étoiles. Jamais une seule fois depuis la chute de l'Etoile du Matin et la défaite de Galaad. Les conséquences en étaient visibles partout : des enfants prématurés, restés nains, malformés parfois, des races animales disparues par centaines, des cultures pauvres, une température toujours froide, la mer reculée au point que les anciennes cités portuaires semblaient désormais plantées dans un désert de sable. Spérance, au monastère, s'était plusieurs fois comparée aux statues et récits antiques : elle était plus petite, plus blanche, ses os cassaient facilement - et pourtant, sa santé était considérée comme excellente. Comme tous les enfants nés après l'an 1286, elle voyait en revanche très bien de nuit, et pouvait se passer longtemps de manger, pourvu qu'elle puisse dormir.
La perte de lumière avait d'abord été minime : quelques jours après la défaite de Galaad, c'est à peine si les observateurs avaient noté une brume persistante. Il avait fallu une dizaine d'années pour que les prêtres et la Famille se rendent compte que le phénomène allait en s'accentuant. La Quête avait alors débuté. L'Étoile du Matin, arme légendaire portée par Galaad, devait être retrouvée - rien ne garantissait que le voile d'obscurité, de plus en plus épais, se retirerait alors, mais personne n'avait d'autre idée. Les premiers Quêteurs étaient partis munis d'épées bénies, de serviteurs et de destriers puissants. Spérance, Cyférien, Lièpre, Astasie et Vaast avaient quitté Auristelle à pied, sans argent, avec une bannière et un exemplaire incomplet des Écritures.

Dehors les chiens, les infidèles
Dehors les chiens, les infidèles de Maïa Mazaurette - Éditions Mnémos - 296 pages