La famille tente de maintenir le quotidien mais, privée de son pivot, elle perd peu à peu son équilibre et se délite. Ort se met à avoir des visions, comme cet œil qu’il voit dans le ciel, juste au dessus de la maison, dont on ne sait s’il veille sur la famille ou la surveille. Quand un prêcheur bizarre fait son apparition, la famille bascule progressivement dans le chaos.

L’histoire nous est contée par Ort avec ses mots de petit garçon. Ort est un personnage attachant, insouciant, identique à des centaines d’autres garçons de son âge. Il grandit, mûrit, et l’écriture de Tim Winton suit cette évolution. Les pensées d’Ort sont de plus en plus élaborées, les phrases s’allongent et deviennent moins enfantines. Même s’il refuse de grandir…

C’est marrant, vous savez, même si je manque de maturité et que je suis trop jeune pour mon âge, je me sens plus vieux depuis l’accident de ‘Pa. J’ai pas fait exprès, malgré le fait que j’aurais dû. Ça m’est tout simplement tombé dessus et je me suis aperçu de rien. Enfin, c’est ce que je crois. Comment savoir ? Ces vacances-ci, ce seraient bien qu’elles durent. Je ne veux pas qu’elles se terminent trop vite. Le lycée n’arrête pas de me revenir à l’esprit. Parfois je le vois du coin de l’œil quand je réfléchis, qu’il y reste. Mince, je ne veux pas devenir adulte. Le manque de maturité, ça me va très bien.

En parallèle Ort a de plus en plus de mal à différencier la réalité de ses rêves, de ses visions. L’irruption de la religion et de la notion d’un Dieu vient bouleverser un peu plus les repères de la famille. Elle apporte à Ort un terrain propice au développement de ses visions mais aussi l’occasion de réfléchir, et, par ricochet, permet au lecteur de se questionner. Le récit prend tour à tour des allures oniriques ou métaphysiques. Cet Œil le ciel n’est peut être pas le chef d’œuvre de Tim Winton mais offre une délicate et riche histoire de famille à la portée universelle.

Lhisbei

Extrait :

 Mes yeux s’ouvrent, le matin blanc et chaud rentre par la fenêtre. Un rêve s’envole, déjà loin, me laissant réveillé et un peu triste. C’était un rêve fou. Je croyais que c’était pour de vrai, vraiment je le croyais. C’était un rêve fou mais ça semblait coller. 

Cet œil, le ciel
Cet œil, le ciel de Tim Winton - Éditions Rivages - 254 pages