L'ouvrage se présente comme un dictionnaire et égrène par des mots clés ce qui est souvent à l'origine d'incompréhension entre nos deux sociétés. De Amour à Zazen, en passant par Hygiène ou Poésie, les points de divergences sont évidemment nombreux.

Ainsi, les japonais ne diraient pas « je t'aime » mais « il y a de l'amour ». Cette formulation impersonnelle se retrouve dans une multitude d'autres expressions ayant trait aux sentiments. Au-delà de la dimension poétique évidente, cet excès de pudeur peut paraître surprenante pour nous autres latins. Mais en tournant les pages et en découvrant les autres articles, on comprend que cette réserve est réellement indissociable de la culture nippone. Là où nous autres français râlerions, crierions, les Japonais s'effacent et s'excusent. D'autres articles sont moins sérieux et plus inattendus, comme ceux sur les habitudes culinaires ou les relations de voisinages. Pour autant, j'ai souvent eu l'impression que Elena Janvier n'arrivait pas à dépasser les poncifs et quelques unes des entrées m'ont paru faciles ou sans intérêt.

L'ensemble m'a donc semblé assez inégal, comme si l'auteure n'avait pas réussi à définir complètement son entreprise, naviguant sans cesse entre la compilation de clichés et des points de vues sensibles et originaux. En fait, cette lecture ne m'aurait sans doute pas marquée outre mesure si le hasard ne s'en était mêlé. En effet, quand j'ai commencé à lire cet ouvrage, le Japon ne faisait pas encore la Une des journaux. Mais dès le lendemain, les images de la vague noire ravageant tout sur son passage déferlaient sur le petit écran. Évidemment cela change la perception que l'on peut avoir d'une lecture et en voyant le calme et la placidité de certaines victimes, j'ai repensé à quelques uns des passages de cet ouvrage.

Laurence

Extrait :

Apparences

Au Japon, le fin du fin n'est pas de soigner les apparences mais ce qui n'apparaît pas. Un kimono sobre, voire insignifiant, doublé d'une soie rare.

Raconter

Si on demande à un étudiant japonais de raconter ses grandes vacances, il dira qu'il a passé deux jours dans son pays natal. Impossible d'en savoir plus sur les deux mois restant. Peut-être le bonheur ne se raconte-t-il pas.

Au Japon ceux qui s'aiment ne disent pas je t'aime
Au Japon ceux qui s'aiment ne disent pas je t'aime d'Elena Janvier - Éditions Arléa - 122 pages