Ce roman est pour ainsi dire un huis-clos. Le lecteur reste dans le monde de la jeune Luce et de sa mère, appelée La Varienne. Leur relation indéchiffrable, insoupçonnable. Si Luce semble prête aux expériences, sa mère se braque dès qu'elle entend le mot école qui peut la séparer de sa fille. C'est justement Mademoiselle Solange, l'institutrice, qui pense que Luce pourrait apprendre comme les autres, qui va aller à l'encontre de l'ordre établi qui voudrait qu'elle reste aussi peu instruite que sa mère. Sa méthode quelque peu invasive est-elle la bonne ? Une autre, dans l'ombre s'y prend plus en douceur.

Le narrateur jette un regard doux et bienveillant sur la situation. S'il laisse cependant parfois filtrer quelques qualificatifs que la société accorde à la mère et la fille, le texte, qui respire comme Laver les ombres, n'impose pas une opinion, tout au plus il suggère et fait réfléchir.

Le roman est malhreuseument un peu court pour que l'expérience de lecture soit aussi satisfaisante que pour l'autre roman de cette auteure que j'ai lu. Cependant, malgré sa brièveté, ce texte arrive à évoquer plusieurs questions autour du même thème.

Du même auteur : Profanes, Une histoire de peau, Laver les ombres, Notre nom est une île

Joël

Extrait :

La Varienne, le soir, colle à nouveau son front au sien, si fort que Luce sent qu'elle lui entre dans le crâne.
Elle s'abandonne. La Varienne la regarde. Il faut oublier Mademoiselle Solange et la salle de classe, oublier le tableau, la craie qui dessine de grandes lettres arrondies. C'est difficile.
Le nom réapparaît.
S'enfoncer dans le sommeil cotonneux. Qu'il la reprenne. Qu'elle coule au fond de cette chose opaque. Qu'à nouveau le plafond s'abatte sur elle et que l'espace ne soit plus rien.

Les demeurées
Les Demeurées de Jeanne Benameur - Éditions Folio - 81 pages