Mais qu'est-ce qu'un bar parfait ? Bien sûr, on retient dans les premiers critères la qualité de la marchandise : des bons crus, du vin à température et pas de ces pichets aux provenances douteuses. Mais la perfection va bien au-delà du breuvage. Il faut aussi un décor, une ambiance. Exit le barman trop envahissant, les clients lourdingues, les musiques criardes, etc. La quête du bar parfait serait-elle aussi difficile que celle du Graal ? Sans doute, d'autant que le narrateur espérant trouver cette perle rare dans la capitale française, une vie seule ne suffirait peut-être pas à faire le tour des bars de la ville. Or, il n'a que ses trois jours de RTT pour parvenir à ses fins. C'est donc aidé d'un jeu de Monopoly que notre homme se lance son périple : Gare du Nord, Belleville, Rue de la Paix, les rues emblématiques défilent, le taux d'alcoolémie augmente, mais l'objet de son désir reste introuvable. Et puisque c'est Pouy qui est au commande, vous n’échapperez pas non plus à une petite virée du côté des malfrats qui en parallèle tentent de mener à bien le contrat pour lequel ils ont été embauchés. Évidemment, les deux récits vont s'entrechoquer, non sans mal, et c'est peut-être au violon que notre narrateur trouvera ce qu'il cherchait désespérément.

Jean-Bernard Pouy s'offre ici une récréation alcoolisée très agréable. Bien sûr, le corps pourrait être un peu plus charpenté et le goût plus long en bouche, mais il ne faut bouder son plaisir et cette visite guidée de Paris est assez finement menée. Tous ceux qui aiment traîner leur godillots dans les salles de cafés reconnaîtront sans mal quelques situations et s'amuseront des déboires du narrateurs. Quant aux amateurs de vin, ils devraient apprécier cette virée œnologique.

Du même auteur : 1280 âmes, Liliane fais les valises, Rémy Cogghe, combat de coqs en Flandre.

Laurence

Extrait :

J'en avais marre. Vers 11 heures, il me faut mon verre de blanc. Du bon. De la marque. Du naturel. Du cri. Du millésime. Du bio. Je m'en fous. Du blanc, simplement du bon blanc. De quoi attendre, humecté, le repas de midi.
C'est mieux qu'un apéro, c'est une mise en bouche. Une vielle habitude qui nettoie les plombages et hérisse un peu la langue. Un machin qui décape. Le moins sucré possible. Le vin blanc moelleux c'est une horreur, autant prendre du Doliprane avec.
Après, au cours de la journée, je pouvais varier, tenter des mélanges, je ne suis pas vraiment un alcoolique, je suis ivrogne. Prévert Toujours.

Le bar parfait
Le bar parfait de Jean-Bernard Pouy - Éditions Ateliers de l'IN8 - 76 pages