Dès la première page, aucun mystère sur l'identité du meurtrier puisqu'il est le narrateur du roman : Joe est donc serial-killer la nuit et agent d'entretien le jour. Au nez et à la barbe de la police, il a réussi à se créer une identité que le met à l'abri de tout soupçon : en effet, qui suspecterait un garçon attardé chargé de nettoyer les toilettes du commissariat ? La planque idéale…
Mais voilà que la police attribue au serial-killer un meurtre dont Joe ignore tout. Furieux de cette usurpation, Joe mène l'enquête de son côté.

Au début du roman, on se laisse vraiment attraper par l'originalité du ressort dramatique : un homme qui parvient à maîtriser parfaitement sa double vie, On suit le tueur dans ses actes et les méandres de son esprit dérangé ; on admire son ingéniosité et si l'on frissonne devant son manque de sensibilité, on est bien obligé de reconnaître son ingéniosité. On s'amuse également des relations malsaines qu'il entretient avec sa mère, et on l'en plaindrait presque. En fait, Joe pourrait devenir un personnage attachant. Mais très vite,  le récit si prometteur vire vers le n'importe quoi et le grand guignolesque. Là où j'imaginais une intrigue basée sur la psychologie du protagoniste qui se joue de la police, l'auteur a préféré sortir l'artillerie lourde et enchaîne des scènes à l'outrance gratuite.

Au final, ce qui aurait pu être une idée géniale n'a donné lieu qu'à un mauvais scénario de série Z. Dommage…

(D'autres avis, ailleurs dans la blogosphère : BiblioMan(u), Cuné, Charabistouille, Cajou)

Laurence

Extrait :

«  Qu'est-ce que tu faisais avant de venir nettoyer ici, Joe ?
- Je prenais mon petit déjeuner.
- Non, je veux dire il y a quelques années, avant que tu commences ce boulot.
- Oh ! Je ne sais pas. Pas grand chose. Personne ne voulait donner un boulot  quelqu'un comme moi.
- Quelqu'un comme toi ?
- Tu sais…
- Tu es spécial, Joe, souviens-toi de ça. »

L'employé modèle
Un employé modèle de Paul Cleave - Éditions Sonatine - 423 pages
Traduit de l'anglais (Nouvelle Zélande) par Benjamin Legrand