À la fin des années 1870, l'archéologue Heinrich Schliemann devient célèbre en présentant au monde l'un des sites les plus fabuleux : l'antique cité de Troie.

De nos jours, le célèbre archéologue Jack Howard se rend à son tour sur les remparts mythiques pour approfondir les recherches et peut-être déterrer la vérité sur la fameuse guerre rapportée par Homère. Sur les traces de Schliemann, Howard et son équipe vont aller bien au delà de leurs rêves les plus fous, jusqu'à mettre à jour de terribles secrets que la seconde guerre mondiale avait masqué.

On ne présente plus David Gibbins, romancier et professeur d'archéologie de son état. Ou l'inverse.
Chaque nouvelle aventure est prétexte à la recherche de trésors fabuleux et riche en découvertes sur le passé. Ce passé qui peut nous aider à appréhender notre futur.
Ce nouveau roman ne déroge pas à la règle et voici Jack Howard, avatar fétiche de l'auteur, lancé sur les traces d'un bâtiment englouti voici plus de 3000 ans au large des Dardanelles. Pendant ce temps, la deuxième équipe à terre menée par le professeur Hiebermeyer, égyptologue de renom, mène les fouilles sous les murailles de la cité dite "homérique".
Et nous, lecteur, sommes pris dans la tourmente des découvertes fabuleuses, des réflexions et des explications scientifiques qui nous ouvrent peu à peu les portes d'une réalité aperçue uniquement à travers quelques grands films hollywoodiens.
Mais l'histoire tourne au tragique, et le masque d'Agamemnon, ce Roi des Rois de la Grèce Antique, cache bien des secrets. Et certains sont prêts à tuer pour les posséder.

Encore une fois, David Gibbins nous propose du rêve. Devant nos yeux ébahis, ce magicien fait renaître une civilisation disparue, voire mythique pour certains, à partir de quelques fragments de poterie ou d'inscriptions. Chaque découverte, aussi infime soit-elle (des têtes de flèche en fer près de têtes de flèches en bronze) apparaît comme un lever de rideau sur un événement fabuleux et peut-être l'auteur en fait-il parfois un peu trop. Mais ma propre expérience en la matière m'a rappelé qu'en archéologie, toute découverte est une avancée et que la joie qu'elle provoque n'est généralement partagée que par les gens du métier eux-mêmes, le grand public voyant peu souvent l'intérêt de la chose.

L'écriture reste fluide malgré quelques accrocs lors des explications scientifiques. La vulgarisation n'est pas à la portée de tous, mais Gibbins s'en sort plutôt pas mal et avec une certaine pédagogie (on sent l'enseignant derrière l'archéologue) puisque le personnage de Costas, grand ami de Howard, sert essentiellement d'avatar au lecteur lui-même pour pouvoir bénéficier d'explication moins pointues et plus concrètes.
A noter également que comme il nous en a donné l'habitude, l'auteur ajoute ici encore quelques pages en fin de roman pour faire la part entre fiction et réalité, et donner quelques informations complémentaires sur ses sources ou les recherches en cours.

Il s'agit donc d'un très bon roman, à lire pour le plaisir de suivre une aventure palpitante mais jalonnée de récits historique et de rêver à une autre époque, sous les murailles de Troie, fierté du monde antique.

Du même auteur : Atlantis, Les dieux d'Atlantis, Le Dernier Evangile

Cœur de chene

Extrait :

Pas le moindre doute. C'était incroyable. Du linéaire B mycénien, l'écriture utilisée pour transcrire le grec à l'âge du bronze, la langue des guerriers venus assiéger Troie. La langue d'Achille. La langue d'Agamemnon.
[...] Bien sûr ! Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Le 49 était l'idéogramme de la lyre.
Il considéra de nouveau l'inscription : O + ME + RO + lyre. Il respirait à peine, le cerveau fonctionnant à toute allure. il s'agissait probablement d'un "O" aspiré, donc "HO". Homeros. Il murmura le mot. C'était l'absence la plus notoire du lexique du grec mycénien., celle qui avait rendu perplexe tant de linguistes, le mot qu'ils avaient cherché en vain, ne trouvant pas l'idéogramme qui le désignait. Le mot désignant un barde. Des images affluèrent dans l'esprit de Dillen, des images issues de l'Illiade et de l'Odyssée : Tirésias, le sage aveugle, Thétis qui défiait les dieux, Calchas, fils de Thestor, le devin au serpent. Soudain, assis seul ici, il éprouvait un sentiment de certitude, d'intense proximité. Voilà qui était Homère. Voilà ce qu'Homère signifiait. Le barde immortel. Homère était tous ceux-là. Tous étaient Homère. Homère voulait dire "barde". Dillen pensa à Jack.
— Eh bien, que je sois damné, murmura-t-il. Que je sois damné.
Au bout de toute une vie, il y était enfin arrivé.
Il avait trouvé Homère.

Le masque de Troie
Le masque de Troie de David Gibbins - Éditions First - 469 pages