Pour G de Maupassant, ces vols à bord du Le Horla sont plus que des occasion d'écrire des articles journalistes. Son esprit et sa plume d'écrivain trouve aussi matière à une évasion spirituelle  une inspiration à d'autres œuvres.
'écrivain est un sportif, il aime les régates en mer. Un vol en ballon n'est pas pour lui déplaire. Il y trouve tout autant le calme, l'apaisement qui le soulage de ses tourments ou angoisses. Il aime ces « gouffres favorables au mystère. »

En ballon, pas de cauchemars mais du blanc, du vide, du silence : la paix de la mort sans avoir besoin de se la donner.

En parallèle à la recherche de matière à écriture, curiosités géographiques, de Maupassant distille avec intelligence quelques informations scientifiques, un constat des techniques de construction et de navigation en montgolfière.

A l’ère des avions à réactions, on ne peut qu'être impressionné, effrayé même par les conditions de navigation de l'engin. Les possibilités de maîtriser son vol étaient réduites – point de moteur comme pour le Zeppelin, point de brûleur. Ça fait froid dans le dos. Mais quelle aventure cela devait être à l'époque ! Imaginez des vols pouvant monter jusqu'à 8.000 m d'altitude, sans oxygène ou bien être totalement tributaire des courants aériens et devoir s’abîmer en pleine mer démonter par une tempête. On apprend ainsi que bien des découvertes scientifiques majeures ont été faites grâce à ces vols. Quelques scientifiques y on même perdu la vie pour faire avances les connaissances.

Trois articles qui donnent franchement envie de vols en montgolfière. A découvrir donc à terre ou en l'air.

Dédale

Extrait :

En une seconde nous sommes partis. On ne sent rien : on flotte, on monte, on vole, on plane. Nos amis crient et applaudissent, nous ne les entendons presque plus  nous ne les voyons qu'à peine. Nous sommes déjà si loin ! Si haut ! Quoi ! Nous venons de quitter ces gens là-bas ? Est-ce possible ? Sous nous maintenant, Paris s'étale, une plaque sombre, bleuâtre, hachée par les rues, et d'où s'élancent de place en place, des dômes, des tours, des flèches  puis, tout autour, la plaine, la terre que découpent les routes longues, minces et blanches au milieu des champs verts, d'un vert tendre ou foncé, et des bois presque noirs.
La Seine semble un gros serpent roulé, couché immobile, dont on n'aperçoit ni la tête ni la queue  elle vient de là-bas, elle s'en va là-bas, en traversant Paris, et la Terre entière a l'air d'une immense cuvette de près et de forêts qu'enferme à l'horizon une montagne basse, lointaine et circulaire.
Le soleil qu'on n'apercevait plus d'en bas reparaît pour nous, comme s'il se levait de nouveau, et notre ballon lui-même s'allume dans cette clarté  il doit paraître un astre à ceux qui nous regardent. M. Mallet, de seconde en seconde, jette dans le vide une feuille de papier à cigarettes et dit tranquillement : « Nous montons, nous montons toujours », tandis que le capitaine Jovis, rayonnant de joie, se frotte les mains en répétant : « Hein ? Ce vernis, hein ! Ce vernis. »
On peut, en effet, apprécier les montées et les descentes qu'en jetant de temps en temps une feuille de papier à cigarettes. Si ce papier, qui demeure, en réalité, suspendu dans l'air, semble tomber comme une pierre, c'est que le ballon monte ; s'il semble au contraire s'envoler au ciel, c'est que le ballon descend.

En l'air
En l'air et autres chroniques d'altitude de Guy de Maupassant - Éditions du Sonneur - 75 pages