Sa vie bien rangée bascule alors, désarmée par le charme de la plus belle femme du monde encombrée de mari et enfants. Voici Gabriel, qui n’attendait que cela pour enfin vivre, embarqué dans l’adultère durable, 35 années d’occasions volées, de rencontres rares et intenses, de corps à corps enfiévrés, de déchirures, de retrouvailles, d’avenir malgré tout… avec le désir partagé de vivre un amour légendaire.

Cette intrigue - superbe portrait de cet animal indomptable et démodé : un sentiment écrit l’auteur en quatrième de couverture – emmène le lecteur du Jardin des Plantes, à Paris, à celui de l’Alcazar, à Séville, de Gand à la Chine. Les caprices du cœur répondent à ceux de la géographie.
Dans sa grande mission de veiller et d’entretenir cette flamme, Gabriel est conseillé sur les subtilités féminines par deux sœurs octogénaires et gourmandes.

Du moment où je l’ai ouvert, je n’ai pu lâcher ce livre. L’érudition d’Erik Orsenna, son style souple et subtil, son humour, l’histoire de ces « amants à l’ancienne » qui n’ont trouvé que le temps comme remède à leur amour, m’ont totalement happée. Je me suis promenée avec délectation dans cette aventure incroyable, truffée de références culturelles, ai suivi Gabriel dans son amour des jardins.

Du même auteur : La grammaire est une chanson douce, Les chevaliers du subjonctif, La révolte des accents, Dernières nouvelles de oiseaux, Voyage au pays du coton, L'avenir de l'eau

Pauline

Extrait :

En vingt années de métier botanique, Gabriel avait acquis un bon savoir des surfaces. Par le regard (d’une intensité qui, dit-on, faisait peur) et par le toucher (dont certains assistants jugeaient le besoin maladif, on n’est pas forcé d’entretenir avec les végétaux des rapports libidineux, etc.) il était entré dans l’intimité d’innombrables matières. Il savait comme peu de gens, entendre l’appel au secours d’une écorce pourtant hautaine en sa rugosité (délivrez-moi de mes parasites) ou margé la douceur des poils de la feuille le manque d’eau criant d‘une dryade.
Comme à son habitude il regarda longuement la main, qui s’était attardée, sans doute pour se réchauffer ou se rassurer après tout ce noir, dans les rayons pâles de l’hiver, et il approcha ses doigts. L’instant d’après, il savait qu’il était perdu. Savait, d’une science immédiatement gravée en chaque morceau de lui-même et bien au-delà, sur chacun de ses souvenirs, sur le moindre de ses rêves, savait que désormais sa vie ne serait qu’attente et regret, deux océans sinistres précédant et suivant ce miraculeux contact.

Longtemps
Longtemps d'Érik Orsenna - Éditions Le livre de Poche - 413 pages