Alexandre Vauvert est un frondeur. Brutal et un peu rustre sur les bords, mais le cœur sur la main quand il s'agit de ses proches.
Eva Svärta est réservée mais tout aussi dangereuse. Impulsive et faisant preuve d'une empathie profonde, elle va de l'avant et traque les criminels pour balayer le traumatisme qui la hante depuis son enfance.
Un passé lourd qu'elle se refuse à admettre.

Et le jour où le mal attrape Eva, Vauvert fait des pieds et des mains pour se rendre à Paris, au mépris de toutes les lois et de tous les règlements de la fonction publique.
Car le danger rôde. Quelque chose de bien plus ancien et plus dangereux que tout ce qu'ils ont pu rencontrer au cours de leurs carrières. Quelque chose qui mérite qu'on lui sacrifie des vies humaines, qui laisse les corps exsangues, disloqués. Qui fait que les miroirs sont bien plus que des reflets.
Il faudra tout leur talent et leur ténacité pour mettre fin à l'horreur. Et peut-être même y laisseront-ils la vie.

Sire Cédric est un auteur qui m'a toujours peu attiré. Victime d'un énorme a priori et des on-dits, je l'avais classé dans la littérature pour midinettes et ménagères en mal d'aventures.
J'ai eu le plaisir de le rencontrer récemment sur un salon et de l'entendre durant un week-end faire l'article de ses ouvrages, de discuter avec lui et expliquer son univers, sa démarche d'auteur et la manière d'aborder ses romans. J'avoue, j'ai été séduit. Je suis reparti avec un des ouvrages et je n'en suis pas déçu.

L'intrigue est sombre à souhait. Les descriptions n'ont rien à envier à Maxime Chattam et pourraient même lui donner des idées dans l'horreur des mises en scène. Les personnages sont cohérents, intéressants, suffisamment attachants pour qu'on s'y intéresse et assez peu développés pour qu'on ait envie d'en savoir plus sur eux et continuer de lire.

Mais là où est le coup de maître, c'est l'art du conteur d'arriver à mêler notre réalité avec l'intrigue policière et d'y mêler des éléments fantastiques pour mettre ses personnages en danger, et son lecteur aussi. Doit-on croire ce qui est écrit ? Le prendre pour argent comptant ou est-ce une élucubration du héros à qui l'esprit joue des tours ? Aucun temps mort pour les protagonistes. Aucun répit pour le lecteur qui suit l'aventure pantelant. C'est un vrai page-turner pour peu qu'on réussisse à franchir la barrière du genre. Il serait dommage de vendre la mèche, mais qu'on sache juste que l'une des hypothèses mentionne les vampires...

Questionnements, angoisse, stupeur, légendes urbaines, tout se mélange pour faire de ce roman un modèle du genre et placer l'auteur en haut de l'affiche en France.

Un thriller obscur, oppressant, qui ne laisse aucun répit. A lire et à faire découvrir.

Cœur de chene

Du même auteur : Angemort

Extrait :

La fille s'appelait Eloïse Lombard, elle avait seize ans, et à présent elle savait qu'elle allait mourir. Il était évident que ses ravisseurs comptaient la tuer.
Quand ils l'avaient traînée de force ici, sans qu'elle ne puisse rien faire pour se défendre, quand ils lui avaient arraché ses vêtements un par un, jusqu'à ce qu'elle soit entièrement nue, et qu'ils l'avaient attachée à des sangles, solidement serrées autour de ses poignets et de ses chevilles, sur un matelas poisseux, elle avait encore cru qu'ils ne voulaient que la violer — et cette pensée était déjà insupportable —, mais au fond d'elle, là où l'âme ne se ment pas, elle le savait. Ses tripes le savaient. Ce qu'ils allaient lui faire quand ils reviendraient serait bien pire qu'un viol.
Elle avait vu les flaques écarlates, dans la cour de la ferme. C'était du sang, et il y en avait partout à cet endroit.
Ils avaient fait cela à d'autres filles avant elle.
Et bientôt — très bientôt — ce serait son tour.

Immobilisée et impuissante, Eloïse recommença à sangloter.
Pour la centième fois peut-être, elle essaya de tirer sur les sangles qui l'entravaient. Cela faisait mal, oui, quand la texture rigide de ces liens mordait dans sa peau, un peu plus mal à chaque traction. Pourtant Eloïse continuait, s'acharnait, s'arc-boutant sur le matelas avec l'énergie du désespoir.
Elle grelottait sous le froid aussi. La pièce n'était pas chauffée. De la chair de poule se dressait sur ses jambes nues, sur son sexe exposé. Sur sa poitrine opulente, dont elle était si fière, et qui lui faisait subitement honte. Roman Salaville l'avait pétrie à chaque endroit de son corps, tout en lui maintenant les bras, le temps que son frère, Claude Salaville, lui attache les poignets.
La vérité c'est qu'elle aurait préféré être déjà morte plutôt que de sentir ces doigts calleux sur sa peau.

De fièvre et de sang
De fièvre et de sang de Sire Cédric - Éditions Pocket - 582 pages