Et puis ça fait bête d'être triste en maillot de bain - Amandine Dhée

Amandine Dhée donne vie à une jeune femme, de ses peurs d'enfance à ses angoisses d'adulte. A travers de courts épisodes de sa vie, elle montre l'évolution du personnage, tout en y ajoutant son humour habituel.

Le titre est assez évocateur de l'ensemble de ce court roman : à côté du bonheur du maillot de bain, de la plage et du beignet à la framboise qu'on a pu acheter chez le vendeur ambulant, il y a la peur de ne pas retrouver le parasol familial. Une peur qu'il faut dissimuler car de mauvais aloi.

Car elle ne grandit pas dans un univers très serein : elle a du mal à dire à son père qu'elle l'aime, ajoutant l'adverbe « bien » sur le petit mot qu'elle laisse à son attention ; elle comprend vite les dépendances de sa mère qui n'arrive pas à dissimuler les bouteilles ; dès sa naissance, il a d'ailleurs fallu faire face aux regards qui trouvaient cet enfant laid.

Toutes ces expériences rendent la jeune femme fébrile, ayant besoin de s'affirmer. Cela passe par des scènes ouvertes, qu'elle redoute mais où elle est heureuse de pouvoir exprimer ses mots. Le moment de l'écriture et de l'édition de ses textes sont également des moments importants pour elle.

A travers de courts épisodes, on découvre la vie de cette jeune personne, à tous les âges. Amandine Dhée y ajoute sa verve, son humour, ses trouvailles littéraires pour rendre le malaise physique de son personnage. Tout ceci est très bien amené, très enlevé et confirme tout le bien que je pense de cette auteure.

Autre ouvrage de l'auteur : Du bulgom et des hommes

Yohan

Extrait :

Je me tiens sage.
Mon corps, mes idées, mes mots.
Je voudrais appartenir.
Mais c'est tellement d'efforts pour si peu d'amour.
Je me termite du dedans - doucement. Et avec moi ces règles et ces frontières qui ne servent pas à être heureuse.
Je planque ma peau sous du tissu trop large ou bien je me serre trop la peau.
Je fais saigner mes poignets et pose dessus un gros bandage d'enfant. Une ou deux fois on me questionne. Je suis tombée, je dis. Et les adultes s'arrangent de ce mensonge.
De toute façon, je n'ai pas les mots pour dire ce qui m'a attrapée. Mon corps est une balise d'appel à laquelle personne ne répond.

Et puis ça fait bête d'être triste en maillot de bain d'Amandine Dhée - Éditions La contre-allée - 84 pages