Biblioblog

Comme dans ses précédentes œuvres, Laurent Graff continue d'explorer la vie des gens ordinaires. Ordinaires ? Non pas tout à fait. Ils ont en fait ceci de particulier qu'ils n'ont rien de remarquable, et si vous les croisiez dans la rue, vous ne les verriez sans doute pas tant ils paraissent fades et inconsistants. Dans Selon toute vraisemblance, Laurent Graff nous propose neuf nouvelles, autour de l'effacement et de la résignation, et réussit une fois encore un tour de force.

Tout débute par la mort de Constance Angeloso. Une mort bête, dont on ne sait pas si c'est un accident ou un suicide : sa Renault 5, une antiquité qui lui servait également de lieu d'habitation, a été emportée par un train alors qu'elle se trouvait sur le passage à niveau. Mort qui aurait pu passer inaperçue, mais dont les journaux ont parlé, puisque le train a retardé le voyage du dalaï-lama. C'est à partir de cet événement malheureux qu'Angelino, le fils de Madame Angloso, Monsieur Coquemar, un des clients de l'hôtel qu'elle tenait, et Danuta, la femme de chambre, décident de parler de celle qu'ils ont connu il y a plus de dix ans, et qui a ensuite disparu sans vraiment donner d'explications.

Quand tu es paumé sous la pluie à Juarez
Et qu'en plus Pâques est là,
Quand les lois de la gravité ne jouent plus
Et que la négativité ne peut plus t'en tirer,
Ne prends pas tes grands airs.
Quand tu t'échoues Rue Morgue Avenue,
Ils ont là bas des femmes qui en veulent,
Et elle peuvent drôlement t'arranger

Edit à 18h50 : il s'agissait de Gravité à la manque de George Alec Effinger

Ce livre est un long monologue, celui d'Arsène Le Rigoleur, on ne peut plus Breton. Le vieux de la ferme d'en face est mort et une famille avec deux jeunes enfants, Louis huit ans et Juliette cinq ans, retape la maison et s'installe.

Dans ce texte, aussi court que fulgurant, Christine Van Acker nous invite à suivre les cent pas d'un homme enfermé dans une tour. Si le préambule situe l'action à Sintra au Portugal, c'est avant tout le cri universel de ceux que l'on a privé de liberté, de ceux qui tournent en rond, prisonniers de leur cellule, leur chambre ou leur esprit.

Mars 1913 à Moscou. L'hiver se termine doucement et le printemps pointe son nez. Tout devrait être tranquille pour Frank Reid et sa famille. Mais tout est chamboulé lorsqu'un soir il apprend que sa femme Nellie est partie. En ce Début de printemps, Penelope Fitzgerald, célèbre auteur britannique, que je découvre pour la première fois, nous raconte tout ce à quoi cet imprimeur anglais né en Russie va devoir faire face.

« Les autres ils disent comme ça [...] que je suis tout juste bon à égorger les chats... J'ai jamais tué de chats, ou alors y a longtemps, ou bien j'ai oublié… »

Edit à 18h50 : il s'agissait d'À l'angle du renard de Fabienne Juhel.

Roger Flavières a quitté la police après la chute mortelle d’un collègue lors d’une traque sur les toits, qu’il n’a pu secourir à cause de son vertige. Lorsque son ancien ami de fac Paul Gévigne fait appel à lui pour enquêter sur son épouse qui se conduit bizarrement, Flavières n’est guère enthousiaste. Pourtant, ayant fini par accepter, le voilà rapidement plongé dans l’univers étrange de Madeleine, pour laquelle il finit par avoir des sentiments puissants, limite obsessionnels. Mais Madeleine se tue en se jetant d’un clocher d’église, et Flavières reste bloqué dans l’escalier, paralysé par son vertige..
La guerre de 40 passe. À la libération, détruit émotionnellement, Flavières, qui est au cinéma pour voir les actualités, reconnaît Madeleine dans un reportage…

Dans le petit village de Jempassa, juste à côté de Torgniole, vivent Georgette et sa maman. Georgette serait sûrement la petite fille la plus heureuse du monde si sa maman ne lui cuisinait tous les mardis soirs de la soupe à la biscotte et au chou…

Avril 1919. Alors que Clemenceau est en train de négocier le traité de paix et que Landru vient d'être arrêté, François-Claudius Simon intègre le 36 quai des Orfèvres. Marqué physiquement par la guerre de tranchées, François espère que cette affectation lui permettra de laisser derrière lui les cauchemars qui le hantent depuis qu'il est rentré du Front. A peine arrivé dans les bureaux de la criminelle, François est embarqué par l'inspecteur principal Robineau pour aller enquêter sur un meurtre à la gare Montparnasse. Dans un hangar désaffecté, ils découvrent le cadavre d'un homme abattu de deux balles dans la poitrine. Mais ce qui les interpellent le plus, c'est le visage de cet homme : l'assassin s'est consciencieusement acharné à le réduire en bouillie, à le transformer en « gueule cassée ».

Il est parfois bien difficile d’expliquer pourquoi un livre me plaît. Il est souvent tout aussi difficile de comprendre pourquoi un livre m’a déplu.

Heureusement que certaines maisons d'édition font des rééditions de titres anciens, car sans cela, beaucoup de références seraient perdues (et malgré cela, beaucoup se perdent). C'est grâce à une réédition que j'ai eu l'occasion de découvrir l'adaptation par Golo d'un roman d'Albert Cossery, Mendiants et orgueilleux.

Eragon est un jeune garçon qui vit avec son oncle Brow dans une ferme à Carvahall dans un royaume nommé Alagaësia. Ce royaume est dirigé par Galbatorix, un roi cruel et sans pitié. Un matin, Eragon part à la chasse et il trouve une pierre mystérieuse qui va changer sa vie.

Attention, ce billet risque d'être un peu long tant il y a à dire sur le dernier recueil de nouvelles lauréates du Prix des jeunes écrivains 2010, L'enfant sur la falaise et autres nouvelles. Cette année, ce recueil est présenté par Carole Martinez, auteur du très beau Le cœur cousu.
Là encore, talents et belles surprises à chaque page, tant par la variété des sujets abordés que dans les styles d'écriture. Du tendre, de la violence, de la poésie, un thriller psychologique et un peu de magie pour agrémenter le tout. Vaste programme cette année pour un excellent moment de lecture.

Un meurtre sans mobile et une enquête difficile
dans laquelle se succèdent des suspects de caractère. 

Edit à 18h49 : il s'agissait de Mendiants et orgueilleux d'Albert Cossery et Golo

Pour eux la crise n’existe pas. Le chômage, le Pôle emploi, les petits boulots sous-payés, ils ne connaissent que ça. On les appelle « les précaires », « les travailleurs pauvres » ou « la France d’en bas » mais ils restent invisibles, perdus dans les statistiques, oubliés de la société.