Biblioblog

Michèle Desbordes imagine la rencontre improbable entre un Maître italien et la servante du manoir qui les accueille sur les bords de Loire.

Un roman historique se déroulant au XIVe siècle et ayant pour toile de fond la construction d'une cathédrale vous rappellera forcément quelque chose... Pimpi nous avait parlé ici même de Un monde sans fin, la suite des Pilliers de la Terre. Mais alors que Ken Follet situe l'action de ses romans en Angleterre, Ildefonso Flacones choisit naturellement Barcelone, sa ville natale. Le parallèle entre les deux romans pourrait d'ailleurs s'arrêter ici, car contrairement à ce que laisserait supposer le tire, l'église Santa Maria del Mar n'est pas au centre de son intrigue. Il s'agit en fait de suivre la vie d'Arnau Estanyol, fils de serf exilé, qui deviendra avec le temps l'un des personnages les plus importants de la capitale catalane.

Nous sommes en 1919, en Sibérie. Le long de la voie du Transsibérien, Jazyk, une petite ville, est occupée par une légion tchèque. Les Rouges ne sont plus très loin, ils peuvent frapper à tout moment. Ccette petite ville est par ailleurs dominée par une secte religieuse de castrats, sous la conduite de Balashov. Un jour, un homme vient troubler le semblant de tranquillité que les habitants de la ville étaient parvenus à créer. Il s’appelle Samarin. Aux militaires et aux habitants, il raconte pour expliquer sa présence à Jazyk qu’il s’est évadé d’un bagne perdu dans la Sibérie et qu’il est poursuivi par un cannibale. Anna Petrovna, qui s’occupe seule de son fils, Alyosha, depuis le décès de son mari, se sent aussitôt attirée par Samarin.
Mais l’arrivée du bagnard coïncide avec l’assassinat d’un shaman de la région. Tout le monde commence à soupçonner le nouveau venu. L’armée l’emprisonne, en attendant son procès. Le capitaine Matula, dont la mégalomanie n’a d’égale que sa méchanceté, nomme un tribunal pour juger Samarin…

Aujourd'hui, nous sommes le 11 novembre 2008. Cela fait 90 ans que l'armistice de la Première Guerre mondiale a été signé. Moins d'un siècle et pourtant une éternité. En quelques années, la distance s'est démultipliée car les témoins directs ne sont malheureusement plus là pour témoigner. Je me souviens, enfant, des après-midi passées avec mon arrière-grand-père, qui me parlait de "sa" guerre, celle qui lui avait coûté une jambe. Mon arrière-grand-père n'est plus, mais il nous a laissé un manuscrit où il raconte l'horreur des tranchées. Pourquoi je vous dis tout ça aujourd'hui ? Parce qu'en lisant La peur de Gabriel Chevallier ( ré-édité ce mois-ci aux éditions du Dilettante ), j'ai retrouvé la guerre dont me parlait mon arrière-grand-père : la cruauté, l'absurdité, la terreur...
La peur est paru pour la première fois en 1930 et a provoqué la colère de l'armée de métier. Ce n'est pas vraiment un roman d'ailleurs, mais bien une autobiographie ( même si Gabriel Chevallier donne un autre nom - Jean Dartemont - à son narrateur ) : Gabriel Chevallier a été enrôlé en 1914, dès les premières semaines de conflit, et il ne sera rendu à la vie civile que le jour de l'armistice. 4 années de guerre, 4 années de peur, 4 années de non-sens.

Comme chaque fois, la sélection mensuelle du Livre de Poche nous a soumis pour le mois de juillet un roman historique. Mais contrairement aux fois précédentes, c'est avec délice que je me suis laissée emportée dans l"univers proposé par Frédéric Lenoir.